Visite Coup de grisou en Chine : l'espoir pour les 141 mineurs disparus s'amenuise La direction de la mine est pointée du doigt pour sa faible exigence en matière de sécurité et pour le rythme de production imposé.Devant la mine de Chenjiashan, où un coup de grisou, dimanche 28 novembre, pourrait avoir coûté la vie à 166 mineurs, des proches des victimes et un responsable ont dénoncé, lundi 29 novembre, le non-respect des règles de sécurité et les pressions des patrons pour produire avant tout. L'accident, survenu dimanche matin vers 7 h 20 dans cette mine située près de la ville de Tongchuan, dans la province du Shanxi (Nord), s'est produit à plus de huit kilomètres de l'entrée de l'exploitation, alors que 293 personnes se trouvaient au fond, dont 127 ont pu être sauvées. 25 mineurs sont morts."Ils faisaient souvent descendre des mineurs dans le puits même lorsque la densité de gaz était dangereuse", a déclaré Tang Longqing, un mineur âgé de 46 ans."PAS 1 %" DE CHANCE DE SURVIE"Mon frère est toujours au fond. Il est de service de nuit et sur le point de sortir, mais les directeurs leur font constamment faire des heures supplémentaires", a expliqué pour sa part Wang Pingshan, un mineur en convalescence à la suite d'une blessure à la jambe.Selon Yan Mangxue, secrétaire du Parti communiste chinois (PCC) pour le village de Yaoyu, d'où sont originaires quatorze des mineurs pris au piège, il n'y aurait plus d'espoir de retrouver des survivants dans la mine où 141 mineurs sont encore pris au piège. "Il n'ont aucune chance de survie, même pas 1 %", a-t-il déclaré.M. Yan a déclaré tenir ses informations d'une réunion entre les responsables des gouvernements locaux et ceux de la mine, organisée dimanche soir. Si cela est confirmé, le coup de grisou dans cette mine serait le plus meurtrier en Chine depuis au moins treize ans.Selon des habitants vivant sur le terrain de la mine appartenant à l'Etat, les ouvriers s'étaient plaints de concentrations élevées de gaz au cours des derniers jours.Le 19 novembre, un incendie s'était déclaré dans la mine, selon M. Yan. Il avait été éteint, mais la densité de gaz dépassait, depuis le mardi 23 novembre, la limite au-delà de laquelle il y a danger, a-t-il affirmé."Dans ces conditions, la direction aurait dû arrêter immédiatement la production, mais elle ne l'a pas fait, ce qui a directement provoqué l'explosion de dimanche", a-t-il ajouté. "Si la production avait été arrêtée et le puits ventilé pour réduire la densité de gaz, il n'y aurait pas eu d'explosion", a poursuivi M. Yan.Selon les familles des mineurs comme pour M. Yan, les patrons avaient refusé d'arrêter la production pour profiter de la très forte demande de charbon sur le marché.OBJECTIF : + 45 % DE CHARBON EN UN AN"Ils ne prennent en compte que les bénéfices. Le charbon est cher de nos jours", a-t-il ajouté. Selon lui, des arrestations de responsables sont inévitables, une fois l'enquête achevée.La production de la mine de Chenjiashan s'était élevée à 1,65 million de tonnes en 2003, mais elle a fortement augmenté cette année, avec 2,15 millions de tonnes extraites entre le 1er janvier 2004 et la date de l'accident.L'objectif pour l'ensemble de l'année était de 2,4 millions de tonnes, soit une augmentation de 45 % en un an.La Chine dépend à 80 % du charbon pour sa production d'électricité. Les deux tiers des provinces du pays ont été victimes cet été de coupures de courant, alors que les besoins en énergie croissent rapidement à cause de l'industrialisation et de l'urbanisation.Sur place à Chenjiashan, l'angoisse et la colère contre les patrons de la mine montaient à mesure que les heures passaient sans information sur le sort des disparus. La plupart des mineurs sont des paysans attirés par des salaires compris entre 500 et 1 000 yuans (60 et 120 dollars) par mois."Bien sûr nous connaissons les dangers. Cela fait vingt-trois ans que je travaille dans les mines, mais mes jambes tremblent à chaque fois que je descends dans le puits", confie Tang Longqing. Mais "l'argent que nous gagnons ici nous permet de survivre", a ajouté le mineur, dont quatre collègues font partie des disparus.
