Coup d'état Coup de force militaire aux Fidji pour renverser le chef du gouvernement Le premier ministre fidjien, Laisenia Qarase, a annoncé, mardi 5 décembre, qu'il était assigné à résidence dans la capitale, Suva, indiquant qu'un coup d'Etat était en cours dans le petit archipel du Pacifique sud. "Je suis assigné à résidence", a déclaré M. Qarase, à une radio commerciale locale, précisant attendre une conférence de presse du chef des armées, le contre-amiral Voreqe Bainimarama, prévue à 18 heures locales (7 heures, heure de Paris). Un peu plus tôt, le premier ministre australien, John Howard, indiquait que son pays avait refusé d'accéder à une demande d'intervention militaire de son homologue fidjien. "Je dois vous dire que, ce matin [mardi], le premier ministre des Fidji m'a appelé et m'a demandé une intervention militaire australienne en réponse au coup d'Etat. Je lui ai indiqué que cela n'était pas possible", a ainsi déclaré M. Howard à la presse. Des militaires à la solde du chef des armées encerclent depuis mardi matin la résidence de Laisenia Qarase, qui a dit s'attendre à être arrêté. A deux reprises dans la matinée, des soldats lourdement armés ont tenté de pénétrer. Les militaires n'ont cependant pas forcé les portes et sont restés à l'extérieur du domicile. Les véhicules officiels ont malgré tout été confisqués. "Je pense que ce qui se passe représente un sérieux revers pour la démocratie aux Fidji (...). Le premier ministre se comporte avec un grand courage", a estimé M. Howard dans une allusion au refus du chef du gouvernement de démissionner malgré la pression exercée contre lui par l'armée. "Je souhaiterais pouvoir en dire autant à propos du président des Fidji, qui ne semble pas avoir préservé la Constitution de ce pays", a-t-il dénoncé. LE COMPORTEMENT "SCANDALEUX" DU PRÉSIDENT FIDJIEN Selon le premier ministre Qarase, le président fidjien, Ratu Josefa Iloilo, a rencontré le chef de l'armée, Voreqe Bainimarama, et lui a donné son "feu vert" à une prise du pouvoir. M. Qarase a précisé que le bureau présidentiel lui avait donné le choix entre démissionner ou accéder à une liste de neuf exigences présentée par le contre-amiral Bainimarama ; le chef de l'armée demande en particulier l'abandon d'un projet de loi amnistiant certains auteurs nationalistes du coup d'Etat de 2000 qui avait failli coûter la vie au contre-amiral. "Je ne peux faire ni l'un ni l'autre", avait déclaré sur ABC le premier ministre, assurant qu'il ne démissionnerait pas "sous la pression". "Je suis menacé mais je n'ai pas peur", a-t-il déclaré. Le ministre des affaires étrangères australien, Alexander Downer, a qualifié de "scandaleux" le comportement du président fidjien. Ce dernier a cependant assuré "ni ne pardonner ni ne soutenir" le coup de force militaire. "Le président Ratu Josefa Iloilo ne pardonne pas ni ne soutient les actions de l'armée de ce jour, qui sont clairement en dehors des limites de la Constitution, contraires à l'autorité de la loi et à nos idéaux démocratiques", selon un communiqué lu sur une radio. M. Howard a mis en garde contre les violences mais rappelé que "l'histoire des coups d'Etat aux Fidji montre qu'ils ont été largement pacifiques". "J'espère que cela continue à être le cas", a-t-il lancé. Fidji a connu trois coups d'Etat au cours de ces vingt dernières années. M. Downer a menacé de suspendre les relations militaires avec l'archipel si un putsch était perpétré et d'interdire de déplacement en Australie les membres de l'armée et du nouveau gouvernement.