Attentat Corse: attentat au cabinet médical d'un maire qui s'en était pris aux "poseurs de bombes" BASTIA (AFP) - Le cabinet médical à Bastia du maire de Biguglia, qui avait réclamé plus de sévérité contre les indépendantistes clandestins et dont la mairie avait été en partie détruite par un attentat le 23 mai dernier, a été dévasté par une charge explosive dans la nuit de jeudi à vendredi.Le dr Sauveur Gandolfi-Scheit, maire de Biguglia, dans la banlieue bastiaise, et conseiller exécutif UMP de la Collectivité Territoriale de Corse (CTC), avait demandé aux parlementaires, lors d'une manifestation le 31 mai contre la violence des indépendantistes clandestins, de voter une loi prévoyant des "peines de prison incompressibles contre les poseurs de bombes" en Corse.Vers 2h30, une charge a fait voler en éclat la porte de son cabinet médical, une petite bâtisse en plein coeur d'un ensemble de HLM d'un quartier populaire. La déflagration et l'incendie qui a suivi ont entièrement dévasté les deux salles d'attente et les deux cabinets du dr Gandolfi-Scheit et de son épouse.Cinq voitures garées devant le cabinet ont été criblées d'éclats.La baie vitrée de l'entrée d'un immeuble HLM qui lui fait face, à 10 m, a également été percée par des éclats. En plein coeur d'un quartier densément peuplé, la bombe aurait pu faire des victimes.Dans la nuit du 22 au 23 mai, à une heure d'intervalle, les mairies de Furiani et Biguglia avaient été fortement endommagées par des bombes qui avaient ébranlé jusqu'aux structures des bâtiments. Les attentats n'avaient pas été revendiqués.Ces actions, qui visaient des services publics de proximité avaient provoqué une vive émotion en Corse. De 300 à 400 personnes avaient manifesté le 31 mai pour protester contre ces deux attentats, manifestation au cours de laquelle le Dr Gandolfi-Scheit avait appelé à plus de fermeté à l'égard des "terroristes" en Corse.Le dr Gandolfi-Scheit (D), le 10 juin 2005, devant son cabinet médical de Bastia, dévasté par un attentat dans la nuit. © AFP Stephan Agostini Dans les jours qui ont suivi, des responsables nationalistes publics, ainsi qu'un communiqué de l'un des deux principaux mouvements clandestins, le FLNC-Union des Combattants (FLNC-UC), avaient vertement critiqué, sans nommer le maire de Biguglia, les élus locaux qui appellent à davantage de "répression" contre les "patriotes".Et samedi, un tract a été distribué dans Bastia par le syndicat d'étudiants indépendantistes Ghjuventu indipendentista (Jeunesse indépendantiste), qui s'en prenait directement au maire de Biguglia, jugeant "intolérable qu'il pense et dise que la solution aux problèmes de la Corse et des Corses est d'enfermer des nationalistes corses"."C'est notre outil de travail qui est réduit à néant", se lamentait le dr Gandolfi-Scheit au côté de son épouse vendredi matin devant l'entrée complètement noircie de son cabinet. "J'ai parlé lors de la manifestation, j'ai lancé une idée. Ici, nous les élus locaux, nous condamnons à chaque fois ces actions mais ça ne sert à rien. C'est à l'Etat de prendre ses responsabilités. Je ne sais pas s'il le fera", a ajouté l'élu.Le dr Marie-Laure Robaglia-Gandolfi avait temporairement entreposé 30 années de dossiers médicaux des patients dans sa salle d'attente en attendant d'en achever l'archivage sur ordinateur. Les dossiers ne sont plus qu'un tas de cendre, au milieu de douze chaises entièrement fondues. L'ordinateur lui-même n'est plus qu'une grosse boule de plastique fondu."Je ne vis pas de la politique mais de ce cabinet, que nous avons installé dans ce quartier il y a 30 ans", souffle, M. Gandolfi-Scheit, visiblement effondré.
