Annonce Contre son gré, Marek Belka reste premier ministre en Pologne - Marek Belka est un premier ministre singulier. Il dirige le gouvernement polonais contre son gré et a rendu sa carte du Parti social-démocrate (SLD), qui l'a nommé il y a un an. Vendredi 6 mai 2005, le président de la République, Aleksander Kwasniewski, a en effet refusé la démission du chef du gouvernement, contraint de conserver son poste jusqu'aux prochaines élections législatives prévues à l'automne.Le chef de l'Etat a rappelé que "la Pologne a besoin d'un gouvernement d'ici là. Celui qui est en place n'a peut-être pas une forte assise parlementaire, mais il doit boucler plusieurs dossiers ouverts" . "La date des prochaines élections n'est pas si lointaine ; la formation d'un nouveau gouvernement est inutile et serait compliquée sur le plan de la procédure" , a-t-il ajouté. Le scrutin sera organisé un dimanche, entre le 25 septembre et le 16 octobre 2005.Le premier ministre, en poste depuis la démission de Leszek Miller, le 2 mai 2004, avait alors déclaré son intention de ne rester qu'une année, le temps de mener à bien la réforme du système de santé et de redresser les finances publiques. Ces deux objectifs n'ont été que partiellement atteints, mais il a tenu parole en présentant, vendredi, sa démission, finalement refusée par Aleksander Kwasniewski.Le premier ministre voulait avoir les mains libres pour se consacrer au tout nouveau Parti démocratique qu'il a rejoint dans la perspective des prochaines élections législatives. Cette formation a été créée il y a peu par des transfuges du SLD et par l'Union des libertés (UW), parti de centre droit issu, comme tant d'autres, du mouvement Solidarité. Marek Belka soutenait, dans ce but, les motions déposées par l'opposition de droite demandant l'autodissolution du Parlement.Cette initiative, qui aurait abouti à l'organisation de législatives anticipées, n'est pas parvenue, jeudi 5 mai, à recueillir la majorité requise des deux tiers des députés. L'actuelle législature ira donc jusqu'à son terme, grâce à l'instinct de survie des élus du SLD auxquels les sondages promettent une déroute lors du prochain scrutin."Le SLD doit regretter de n'avoir pas organisé les élections il y a un an" , a ironisé le président Kwasniewski, lui-même issu de cette formation bâtie sur les ruines de l'ancien Parti communiste. L'opposition de droite caracole dans les sondages. Le SLD, lui, est au plus bas dans les enquêtes d'opinion. Certaines le créditent même de moins de 5 % des voix, ce qui l'exclurait du jeu parlementaire quatre ans après avoir frôlé la majorité absolue.SUCCESSION DE SCANDALESLes électeurs lui avaient alors accordé leur confiance parce qu'ils le jugeaient le plus apte et le plus uni pour gérer les affaires de l'Etat après l'expérience d'une majorité de droite affaiblie par les querelles internes et confrontée à un fort ralentissement de l'économie.Aujourd'hui, le SLD paie ainsi une succession de scandales financiers et de corruption qui ont sapé son image. Miné par les dissensions internes et les scissions, il n'est pas parvenu à capitaliser sur la vigoureuse reprise de l'activité (5,3 % de croissance en 2004), ni sur le succès de l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne.Marek Belka pourra-t-il faire mieux que d'expédier les affaires courantes jusqu'au prochain scrutin ? Les commentateurs politiques ne le pensent pas. Ils dénoncent la paralysie du travail parlementaire, qui porte préjudice àcette institution démocratique jugée incompétente par trois Polonais sur quatre. "La Sejm -Chambre basse- ne survit que par l'égoïsme des élus du SLD, qui veulent profiter le plus longtemps possible de leur fonction et de leurs indemnités parlementaires" , écrit Marek Beylin dans le quotidien Gazeta Wyborcza.
