Visite Condoleezza Rice fait une visite remarquée au LibanAlors qu'elle était en tournée officielle en Israël, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a effectué une visite surprise à Beyrouth, vendredi 22 juillet, où elle a rencontré plusieurs personnalités politiques, dont le président libanais, Emile Lahoud, avant de retourner à Jérusalem. Ce passage éclair, qu'elle a justifié comme un moyen d'exprimer "le soutien des Etats-Unis au nouveau gouvernement libanais" dans son entreprise de réformes, intervient deux mois après l'achèvement du retrait militaire syrien du Liban, et trois jours seulement après la formation d'un nouveau gouvernement libanais, consécutive aux élections législatives de juin. "Nous pouvons apporter le soutien, à travers les organisations internationales et de façon bilatérale, aux réformes politiques et économiques qui seront menées au Liban", a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse après un entretien avec le premier ministre, Fouad Siniora. "Le monde entier a été inspiré par ce qui s'est passé" dans ce pays, a-t-elle ajouté, en allusion au soulèvement pacifique du printemps pour le retrait des forces syriennes, après l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, et aux élections législatives qui ont donné la victoire à l'opposition."C'est une période d'espoir" pour un "Liban démocratique" et "libre de toute ingérence étrangère", a-t-elle ajouté.Mme RICE APPELLE AU DÉSARMEMENT DU HEZBOLLAHCondoleezza Rice a également demandé au Liban et à la Syrie de mettre en œuvre toutes les dispositions de la résolution 1559 de l'ONU, qui appelle notamment au désarmement du Hezbollah, une organisation qualifiée de "terroriste" par les Etats-Unis. Mme Rice a affirmé à ce propos que la politique de son pays vis-à-vis de ce mouvement, soutenu par Damas et Téhéran, ne changera pas car il possède "une histoire sanglante". Ainsi, si Washington s'est félicité de la formation d'un nouveau gouvernement mardi, la secrétaire d'Etat américaine s'est montrée quelque peu embarrassée par l'inclusion d'un membre du Hezbollah – le ministre de l'énergie, Mohammad Fneich – dans ce cabinet.M. Siniora a, de son côté, indiqué que le Liban a toujours respecté les résolutions internationales, tout en soulignant que la question du désarmement du Hezbollah ferait l'objet d'un vrai dialogue interlibanais. "Cela demandera de la compréhension et de la patience", a-t-il dit. M. Siniora a justifié la participation du Hezbollah dans son gouvernement par la volonté d'y inclure "toutes les parties", à la lumière des résultats des élections législatives de mai-juin qui ont donné 14 sièges au mouvement chiite sur les 128 du Parlement. UN ENTRETIEN SYMBOLIQUE AVEC LE PRÉSIDENT LIBANAISPlus tôt dans la journée, Condoleezza Rice avait eu également un entretien de près d'une heure avec le président libanais, Emile Lahoud. C'était la première rencontre entre un haut responsable américain et le président Lahoud, proche de Damas, depuis le renouvellement du mandat du chef de l'Etat en septembre. La rencontre s'est déroulée en présence du nouveau ministre des affaires étrangères libanais, Faouzi Salloukh.Mme Rice avait auparavant également rencontré pendant quarante minutes le député Saad Hariri, fils de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, assassiné en février. Le mouvement de Saad Hariri est arrivé en tête des élections législatives de mai-juin, les premières après le retrait des troupes syriennes du Liban fin avril, qui ont vu la victoire de l'opposition antisyrienne.En fin de journée, elle s'est entretenue à l'ambassade des Etats-Unis avec le député chrétien Michel Aoun, un ancien adversaire de la Syrie qui avait mené en 1989 une "guerre de libération contre l'occupation syrienne" avant d'être exilé en France durant quinze ans. Chassé du pouvoir par une offensive syrienne, le général Aoun est revenu au Liban en mai, peu après l'évacuation des dernières troupes de Damas du pays du Cèdre. En mai 2004, il avait ainsi contribué à l'adoption par Washington de sanctions économiques contre la Syrie.Le déplacement de Mme Rice n'inclut pas la Syrie, pays qui a dominé le Liban durant trois décennies jusqu'au départ des forces syriennes en avril, sous la pression des pays occidentaux, de l'ONU, de l'opposition et de la rue libanaise. La dernière visite d'un secrétaire d'Etat américain au Liban remonte au 3 mai 2003. A l'époque, Colin Powell était venu à Beyrouth au terme d'une visite éclair à Damas, après l'invasion américaine de l'Irak.
