Visite Condoleezza Rice fait sa première visite de secrétaire d'Etat au Proche-Orient Condoleezza Rice a commencé, dimanche 6 février, sa première visite au Proche-Orient en qualité de chef de la diplomatie américaine, deux jours avant que le premier ministre israélien Ariel Sharon et le président palestinien Mahmoud Abbas ne se rencontrent en Egypte afin d'accélérer un retour à la paix. Condoleeza Rice est arrivée, dimanche dans l'après-midi, à Jérusalem où sa première visite fut pour le mémorial de la Shoah, Yad Vashem. Quelques jours après la célébration du soixantième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier, elle s'y est recueillie en hommage aux six millions de juifs victimes du génocide perpétré par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Elle a ensuite rencontré le ministre des affaires étrangères israélien, Sylvan Shalom. Avant leur entretien, la secrétaire d'Etat s'est félicitée du nouveau climat qui règne au Proche-Orient. Un climat qui ouvre, selon elle, une "période d'occasions" à ne pas manquer. "Nous allons demander à nos partenaires et amis en Israël de faire en sorte qu'Israël continue de prendre les décisions difficiles qui doivent être prises afin de promouvoir la paix (...) et l'émergence d'un Etat palestinien démocratique", a déclaré Mme Rice. "Je tiens surtout à apporter l'engagement personnel du président Bush et mon engagement propre dans ce processus, car le moment actuel est une occasion que nous devons saisir", a-t-elle ajouté devant les journalistes présents au ministère israélien des affaires étrangères. Relevant les efforts du nouveau président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour faire cesser la violence des groupes armés palestiniens, et permettre la reprise du dialogue entre Palestiniens et Israéliens, Mme Rice a jugé que "tous ces éléments (...) permettent de revenir à la Feuille de route et d'avancer vers l'accomplissement de la vision du président (américain George W.) Bush", celle de "deux Etats démocratiques vivant en paix côte à côte". Prudente, elle a néanmoins jugé bon d'ajouter : "Il y a encore beaucoup à faire." Pour sa part, M. Shalom a reconnu également que les temps étaient favorables. "Le nouveau test est d'avancer vraiment vers la paix, et non de se contenter de cérémonies", a-t-il nuancé, ajoutant que Washington avait "un rôle capital à jouer" pour ramener la paix dans la région. Selon le site Internet du quotidien israélien Haaretz, Sylvan Shalom s'est exprimé sur la chaîne de télévision numéro 2 après sa rencontre avec Madame Rice. Il a dit lui avoir formulé les exigences des israéliens : "Si les Palestiniens ne font pas tout pour arrêter le passage des armes, fermer les ateliers clandestins de fabrication d'armes, rassembler les armes illégales, nous aurons simplement donné le temps aux groupes armés et violent de se regrouper et de mener de nouvelles attaques terroristes qui jetteront à bas tout le processus (qui est engagé NDLR)", a-t-il expliqué. INTERROGATIONS SUR LA MÉDIATION AMÉRICAINE Arrivée en Israël en provenance de Turquie, Rice doit rencontrer le président puis le premier ministre israélien en fin de journée à Jérusalem, et le nouveau président palestinien ainsi que son premier ministre, lundi, en Cisjordanie. La tenue du sommet israélo-palestinien, prévu mardi à Charm el-Cheikh (Egypte) pour relancer la "feuille de route" internationale pour la paix, donne l'occasion à la secrétaire d'Etat d'insister sur les changements possibles. Le président George Bush a dépêché Rice dans la région pour y souligner son intention d'intensifier ses efforts en faveur d'un règlement du conflit. Elle ne sera cependant pas présente à Charm el-Cheikh et a fait comprendre qu'elle préférerait voir Sharon et Abbas progresser avec le moins de pressions extérieures possible. "J'espère que nous nous dirons tous que si les parties sont en mesure de continuer à progresser toutes seules, c'est le meilleur des résultats", a déclaré Rice aux journalistes qui l'accompagnaient à Ankara, l'escale qui précédait Tel Aviv. Rice s'est engagée à aider les deux parties à coordonner les questions de sécurité et à désamorcer les crises. Les analystes expriment des avis divers sur le fait de savoir s'il est souhaitable que les Etats-Unis renforcent ou non leur médiation. Condoleezza Rice a laissé entendre que Washington choisirait une position médiane, en laissant de préférence les parties engager leurs propres initiatives de paix mais en se réservant le droit d'intervenir si elles échouaient ou requéraient une assistance. "Les Etats-Unis tiennent beaucoup à ce que ce processus soit le processus des parties, qu'il appartienne aux parties, aux Etats de la région", a-t-elle dit. "Quand notre implication devra revêtir un autre caractère, alors c'est ce que nous ferons." Les Palestiniens, qui reprochent à George W. Bush d'avoir reconnu le droit d'Israël de conserver une partie des territoires occupés depuis la guerre des Six-Jours (1967), se méfient de toute implication américaine. Bush a cependant affiché son soutien à Abbas et annoncé mercredi une aide de 350 millions de dollars aux Palestiniens. Si cette somme ne représente qu'une fraction des trois milliards de dollars d'aide américaine reçus chaque année par Israël, elle n'en constitue pas moins un encouragement important pour Abbas. BLOCAGE EVITE SUR LES PRISONNIERS Les négociateurs qui préparent le sommet Sharon-Abbas ont évité une crise, dimanche 6 février, en décidant d'un commun accord de remettre à plus tard le règlement d'un désaccord sur la libération de prisonniers palestiniens. Israël et les Palestiniens formeront une commission conjointe chargée de discuter des libérations après le sommet de Charm el-Cheikh, a-t-on indiqué de source politique israélienne. Un responsable palestinien a parlé à ce sujet d'un "pas positif". Israël avait déçu les Palestiniens en refusant d'inclure dans les 900 prisonniers que le gouvernement israélien a accepté de relâcher ceux qui sont accusés d'attentats mortels. Or l'opinion palestinienne attend d'Abbas qu'il obtienne la libération de 8.000 prisonniers et un succès dans ce dossier serait de nature à renforcer l'autorité du successeur d'Arafat.