Visite Condoleezza Rice appelle à relancer le partenariat transatlantique La secrétaire d'Etat américaine est attendue, mercredi, à Bruxelles pour une série d'entretiens avec les dirigeants européens destinés à préparer la visite du président George W. Bush, le 22 février, pour un double sommet de l'OTAN et de l'Union européenne.La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a choisi Paris, tête du front du refus de la guerre en Irak, pour y faire, mardi 8 février, son "discours de référence", destiné à relancer les relations transatlantiques. "Il est temps de surmonter les désaccords du passé", a-t-elle déclaré à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences-Po), qui forme les élites politiques et administratives françaises. "Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre dans nos relations et un nouveau chapitre dans notre alliance", a-t-elle lancé devant quelque cinq cents personnes.L'Amérique, a dit Mme Rice, "a tout à gagner d'une Europe forte comme partenaire dans la construction d'un monde meilleur et plus sûr". Et de poursuivre : "Que chacun de nous mette sur la table des idées, son expérience et ses ressources, et discutons et décidons ensemble de la meilleure façon de les mettre en œuvre en vue de changements démocratiques."Ce discours de "référence" marque un net tournant dans les relations entre la France et les Etats-Unis, qui s'étaient profondément détériorées avec l'opposition de Paris à la guerre en Irak, puis son refus de soutenir une occupation qui se prolonge.Le ministre des affaires étrangères français, Michel Barnier, a d'ailleurs déclaré, au cours d'une conférence de presse organisée mardi soir à Paris, que le temps était venu d'"ouvrir un nouveau chapitre" dans les relations franco-américaines.RESTAURER LES LIENS TRANSATLANTIQUESL'Elysée a, pour sa part, rapporté que le président français, Jacques Chirac, lors de son entretien avec Condoleezza Rice, avait souhaité "entretenir un dialogue constructif" avec les Etats-Unis sur tous les grands dossiers internationaux. La rencontre, qui a duré une heure, "a permis un tour d'horizon des grands sujets internationaux dans la perspective de la visite du président Bush à Bruxelles" les 21 et 22 février, a déclaré le porte-parole de l'Elysée, Jérôme Bonnafont. Sur l'Irak, ancien point de friction entre les Etats-Unis et la France, Jacques Chirac a assuré Condoleezza Rice que la France veut "appuyer le processus politique engagé avec les élections" du 30 janvier en Irak, et "favoriser l'intégrité et la stabilité du pays", a indiqué l'Elysée. Sur le plan plus général des relations transatlantiques, M. Chirac a déclaré que "la France attache une grande importance à la coopération bilatérale et transatlantique". "Nous avons la volonté commune d'entretenir un dialogue constructif sur tous ces sujets", a-t-il assuré.Concernant l'Irak, Mme Rice a déclaré qu'"il reste encore beaucoup à faire pour créer un Irak démocratique et uni". "Les Irakiens doivent eux-mêmes montrer la voie, a-t-elle poursuivi, et le partenariat transatlantique doit relever le défi devant lequel nous a placé le peuple irakien."RÉACTIVER LE QUARTET ET LA "FEUILLE DE ROUTE"Evoquant la situation au Proche-Orient, Mme Rice a estimé que les conditions pour la paix étaient actuellement favorables. "C'est la meilleure chance pour la paix que nous risquons de voir avant des années, et nous agissons pour aider les Israéliens et les Palestiniens à la saisir". Mme Rice a tenu ces propos peu après la rencontre entre les dirigeants palestinien, Mahmoud Abbas, et israélien, Ariel Sharon, qui ont solennellement proclamé, mardi, la fin de plus de quatre ans de violences meurtrières, à l'issue d'un sommet dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. Mme Rice a également appelé à la réunion rapide des ministres des affaires étrangères du Quartet (ONU, Etats-Unis, Russie, Union européenne), le cadre qui, selon Paris, sied le mieux aux efforts de stabilisation entre Israéliens et Palestiniens, et dans la région en général. Cette réactivation du Quartet et de la "feuille de route" d'avril 2003, qui prévoit notamment la création d'un Etat palestinien en 2005 en échange de garanties de sécurité pour Israël, était une exigence de Paris depuis des mois.RENCONTRE AVEC LES DIRIGEANTS EUROPÉENS La tournée de la secrétaire d'Etat américaine se poursuit mercredi à Bruxelles, où elle est attendue pour une série d'entretiens avec les dirigeants européens destinés à préparer la visite du président George W. Bush, le 22 février, pour un double sommet de l'OTAN et de l'UE.Les principaux dossiers devant être évoqués entre Mme Rice et les Européens seront le Proche-Orient, avec la nouvelle dynamique engagée entre Israéliens et Palestiniens, l'Irak, l'Iran, ainsi que l'éventuelle levée par l'UE de son embargo sur l'exportation d'armes à la Chine, à laquelle Washington est opposé.Mme Rice doit d'abord participer mercredi à un déjeuner de travail avec ses homologues de l'OTAN, avant d'être reçue dans l'après-midi par le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso. Elle s'entretiendra avec ce dernier et cinq autres commissaires, dont l'Autrichienne Benita Ferrero-Waldner (relations extérieures), le Britannique Peter Mandelson (commerce) et le Belge Louis Michel (développement). La secrétaire d'Etat américaine partira ensuite pour le Luxembourg, où elle dînera dans la soirée avec le premier ministre, Jean-Claude Juncker, président en exercice de l'Union européenne.Jeudi, Mme Rice rencontrera, toujours à Luxembourg, une "troïka" européenne rassemblant son homologue luxembourgeois, Jean Asselborn, le haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, et Mme Ferrero-Waldner. Ce rendez-vous viendra achever une tournée européenne et au Proche-Orient qui l'a conduite successivement à Londres, Berlin, Varsovie, Ankara, Jérusalem, la Cisjordanie, Rome et Paris.
