Procès Comment Nelson Chisale fut jeté aux lions dans une réserve sud-africaine - le 31 janvier 2004, Nelson Chisale a été jeté en pâture aux lions. La police n'a retrouvé que son crâne, quelques os brisés et un doigt. Après plus d'un an d'un procès très médiatisé, deux hommes, un ouvrier agricole noir et son patron blanc, qui travaillaient sur une ferme d'élevage d'animaux sauvages, ont été reconnus coupables de meurtre.Trois mois avant sa mort, Nelson Chisale avait été licencié. Mark Scott-Crossley lui avait interdit de remettre les pieds dans cette ferme sud-africaine située non loin du parc Kruger. L'ouvrier avait tout de même tenté, ce 31 janvier, de venir récupérer quelques affaires. Il a été intercepté par trois de ses anciens collègues qui, selon les témoignages, l'ont attaché à un arbre et l'ont battu en attendant le retour du patron.M. Scott-Crossley a affirmé devant les juges que M. Chisane était décédé avant son arrivée. Une version contestée par les employés de la ferme. Ayant décidé de se débarrasser du corps, ils l'ont alors chargé dans une voiture et amené près d'une réserve animalière voisine, avant de le jeter par-dessus la clôture dans un enclos où étaient parqués plusieurs lions."On l'a pas fait exprès" , avait déclaré pour sa défense l'un des accusés, Richard Mathebula. Hospitalisé pour une tuberculose, il n'a pas encore été jugé. Un autre employé noir, Robert Mnisi, après avoir plaidé coupable et passé un accord avec l'accusation, a comparu comme témoin. Il a assuré avoir entendu l'homme crier lorsqu'il a été jeté aux fauves.Pour le juge, les employés noirs "n'ont fait qu'obéir aux ordres" et M. Scott-Crossley est le "cerveau et le principal auteur" de ce crime. Les peines ne seront connues que lors d'une prochaine audience en août.Au début de l'affaire, l'émotion était très vive devant ce qui apparaissait comme un crime raciste. Pour la nièce de la victime, Festang Jafta, il ne s'agit pas de cela : "Ils l'ont fait, ils l'ont tous fait. Je ne peux pas dire que c'est du racisme." Ce meurtre et ce procès ont cependant réveillé le débat sur les relations entre employeurs et employés dans les campagnes. Vivant en général sur la ferme avec leur famille, les ouvriers sont extrêmement dépendants de leur patron, qui offre un salaire bien maigre, mais aussi un logement, parfois paie les frais de scolarité des enfants et assure un semblant d'aide médicale.Les ouvriers, souvent à peine alphabétisés, n'ont pas accès au téléphone. Ils n'ont pas non plus de moyens de déplacement pour se plaindre de mauvais traitements ou d'entorses au droit du travail. Ils restent démunis devant toutes les formes d'abus. De peur de perdre leur emploi, et donc leur logement, ils n'ont pas l'habitude de protester. Les conditions de travail ne sont pas forcément meilleures quand le patron est un Noir.Même si les affaires comme celle de Nelson Chisale sont très rares, la violence, physique ou morale, existe toujours. Dix ans après la fin de l'apartheid, les conditions de vie des ouvriers agricoles ont assez peu changé.
