Annonce Climat : relance des négociations à Buenos Aires La capitale argentine accueille la conférence de l'ONU sur le changement climatique. Si le protocole de Kyoto va pouvoir être appliqué, il reste insuffisant pour réduire les émissions de gaz polluants.   Les négociations de l'ONU sur le changement climatique repartent lundi à Buenos Aires avec un nouvel élan. La ratification du protocole de Kyoto par la Russie, le 18 novembre, a débloqué le principal outil de lutte contre le changement climatique. Conclu en 1997, le document impose aux pays industriels de réduire leurs émissions de six gaz à effet de serre, CO2 notamment, de 5,2% en moyenne d'ici 2012 par rapport au niveau de 1990. Son entrée en vigueur le 16 février prochain, après des années d'atermoiements, va contraindre les pays riches qui l'ont ratifié à diminuer en catastrophe des rejets qui entre-temps se sont envolés, comme au Canada (+20%) ou au Japon (+12%). Impact infime Le sauvetage du protocole, s'il a une portée diplomatique et économique considérable, aura néanmoins un impact infime sur le climat. Car les gaz qu'il réglemente, issus surtout de l'usage du charbon et du pétrole, ont une durée de vie pouvant atteindre des centaines d'années, et leur accumulation dans l'atmosphère réchauffe déjà la planète. Selon les experts, une diminution de moitié des émissions mondiales serait donc nécessaire d'ici 2050 pour limiter le réchauffement mondial à 2 degrés supplémentaires à la fin du siècle. L'objectif final ne peut donc être atteint sans les Etats-Unis, premier pollueur planétaire avec le quart des émissions de CO2, et les pays en développement qui n'ont actuellement sous le régime de Kyoto que des obligations d'inventaire. Les pays du Sud représentent aujourd'hui environ 40% des émissions mondiales, mais ils dépasseront les pays industriels vers 2025, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Sujet qui fâche "L'après-2012" sera le sujet le plus explosif de Buenos Aires. La réélection du président George W. Bush ne laisse guère augurer d'une attitude plus conciliante de Washington, qui mise sur les percées technologiques et refuse tout accord multilatéral contraignant. Les pays émergents de leur côté, emmenés par l'Inde, considèrent tout engagement de maîtrise de gaz à effet de serre comme une entrave à leur développement. Une tentative européenne d'aborder l'avenir des négociations avait débouché sur un affrontement Nord-Sud à New Delhi fin 2002 et failli faire avorter une déclaration ministérielle. Forte de cette expérience, la présidence argentine a renoncé à toute déclaration pour les quelque 70 ministres de l'Environnement qui feront le déplacement en fin de conférence (15-17 décembre). Elle a inscrit le sujet qui fâche dans une des tables rondes ministérielles. Selon des diplomates, la présidence propose d'organiser dans les prochains mois deux ou trois "séminaires", destinés à déminer le terrain avant l'ouverture des négociations officielles en novembre 2005 sur "l'après-2012".