Anniversaire Climat de tension en Haïti pour le premier anniversaire du départ d'Aristide Lundi, la police a dispersé par la force une manifestation de partisans de l'ancien président, tuant au moins deux personnes, sous les yeux des casques bleus de la Minustah.Au moins deux personnes ont été tuées par balles, lundi 28 février à Port-au-Prince, lors de la dispersion par la police d'une manifestation de partisans de l'ex-président haïtien Jean-Bertrand Aristide, qui réclamaient son retour un an après son départ précipité d'Haïti. Ce bilan de deux morts a été donné par des radios, certains manifestants faisant état de quatre morts et d'une dizaine de blessés. La police n'a pour sa part annoncé qu'un mort et un blessé.La manifestation, à laquelle participaient plusieurs centaines de personnes, selon la police, plusieurs milliers, selon des participants, a eu lieu à Bel-Air, un quartier très pauvre, bastion des partisans de l'ancien président.Les manifestants, dont un prêtre proche d'Aristide, Gérard Jean Juste, ont réclamé le retour à Port-au-Prince de l'ex-président. "Nous voulons le retour d'Aristide", scandaient des manifestants.EN PRÉSENCE DES CASQUES BLEUSPour disperser le rassemblement, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et a tiré à balles réelles, selon des manifestants. "La police a ouvert le feu sur une marche pacifique en présence des casques bleus de la Minustah", a déclaré un manifestant.La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) compte 6 000 militaires et quelque 1 400 policiers civils.A l'occasion du premier anniversaire de la chute de Jean-Bertrand Aristide, des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers de la capitale haïtienne. En raison des craintes des commerçants, l'activité commerciale à Port-au-Prince a tourné au ralenti lundi. La plupart des écoles sont restées fermées.La police haïtienne et des unités de casques bleus de l'ONU étaient visibles dans plusieurs quartiers. "Il y a moins de gens que d'habitude", relevait un casque bleu du Bénin."AVEC ARISTIDE, LE PAYS FONCTIONNAIT MIEUX" Après la manifestation, la tension restait sensible dans le quartier du Bel-Air, a constaté un journaliste de l'AFP. Une cinquantaine de jeunes "chimères" (partisans d'Aristide armés) discutaient à un angle de rues entre deux tas d'ordures infestés de mouches."J'ai vu un seul mort, mais il y en a eu plusieurs. La police a tiré la première et nous avons été la cible de gaz lacrymogènes", racontait un jeune."Avec Aristide, le pays fonctionnait mieux et il y avait plus d'argent", affirmait Fito Jean, un vendeur de sandales de 33 ans, assis près d'une mare d'eaux usées, qui déborde régulièrement dans les rues du quartier."CHAQUE JOUR IL Y A DES MORTS"Un peu plus loin, un véhicule blindé de l'ONU montait la garde. Ses militaires ne sont pas intervenus dans la manifestation. "Il y a eu deux tirs et plus tard cinq nouveaux tirs pour empêcher la police de venir prendre les corps", racontait Weimin Shao, un casque bleu chinois, parlant de 400 à 500 manifestants.Sous la menace d'une insurrection armée et la pression des Etats-Unis, de la France et du Canada, Jean-Bertrand Aristide a démissionné le 29 février 2004 et quitté Haïti dans un avion affrété par les Américains. Il vit aujourd'hui en exil en Afrique du Sud. Haïti est géré depuis par un gouvernement de transition, dirigé par le premier ministre, Gérard Latortue."Chaque jour il y a des morts, rien ne marche. C'est la même chose. Ce sont des dirigeants criminels, voleurs, assassins. On n'a pas à manger, à boire. La Minustah n'arrive pas à identifier les chimères", dénonce Michel Juste, 63 ans.
