Mort de Claude Massu

Mort Claude Massu, l'artisan du syndicalisme des locataires Claude Massu, président d'honneur de la Confédération nationale du logement (CNL), la plus importante organisation de locataires, est mort dimanche 6 mars à l'âge de 78 ans. Il a fait du logement social et de la reconnaissance d'un syndicalisme de locataires la cause principale de sa vie militante. Né le 30 mars 1926 au Chesnay (Yvelines), il rejoint à 14 ans la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). A 18 ans, réfractaire au service du travail obligatoire (STO), il est arrêté par les Allemands en août 1944 et condamné à mort. La Libération le sauve. En 1947, il est permanent au Parti communiste. Fidèle toute sa vie au PCF, sans appartenir à ses instances dirigeantes, il sera adjoint au maire de Drancy (Seine-Saint-Denis) en 1965 et restera conseiller municipal jusqu'en 1995. C'est à la CNL, alors nommée Confédération nationale des locataires, que Claude Massu trouve sa voie. Il y entre en 1954 et devient permanent, se chargeant de l'organisation et de l'action. La CNL, jugée à l'époque proche du PCF, défend le "droit au logement pour tous". Implantée surtout dans les HLM, elle combat le surloyer, imposé aux familles dont les revenus dépassent le plafond de ressources, qualifié de "condamnation de la promotion sociale", et se bat pour que les loyers n'augmentent pas plus vite que les salaires. En 1969, Claude Massu est élu à la présidence de la CNL. Personnage truculent et tout en rondeurs, il impose son autorité. La CNL se définit comme "une organisation de progrès social" mais pratique la contestation, de la pétition au refus de payer des augmentations de loyers. Claude Massu s'oppose à la réforme du logement de 1977, voyant dans l'instauration d'une aide personnalisée au logement (APL) un risque d'accentuation de la ségrégation sociale. La CNL affiche son indépendance mais se situe à gauche. Pour son président, "il ne peut y avoir dans le domaine du logement de transformations fondamentales sans qu'elles soient intégrées aux transformations économiques et sociales dont notre pays a besoin". Quand survient l'alternance, en 1981, une lune de miel s'ouvre avec Roger Quilliot, ministre du logement. Claude Massu participe activement à la commission Delmon sur les charges locatives qui débouche sur la loi Quilliot concernant les rapports entre propriétaires et locataires. "FAIRE VIVRE LA LOI QUILLIOT" Claude Massu sera l'artisan de la reconnaissance du syndicalisme des locataires et orchestrera la mutation de la CNL en partenaire susceptible de négocier les "accords collectifs" de modération des loyers prévus par la loi Quilliot. A Bourges, en 1985, il quitte la présidence de la CNL, sur le vœu de "faire vivre la loi Quilliot", mais reste dans sa direction jusqu'en 1994. Vice-président de la Fédération nationale des offices HLM, Claude Massu, qui a consacré cinquante ans de sa vie à son combat pour le logement social, appartenait toujours au comité exécutif de l'Union sociale pour l'habitat. Une "Union HLM" qui avait rendu hommage à son action, en le choisissant de septembre 1998 à février 1999, comme président. Le temps d'un intérim d'honneur.