Anniversaire Cinquantenaire spirituel et culturel pour la Chapelle de Ronchamp RONCHAMP (Haute-Saône) (AFP) - Le cinquantième anniversaire de la chapelle imaginée par Le Corbusier sur les hauteurs de Ronchamp (Haute-Saône) célèbre une icône de l'art sacré du 20e siècle, conçue par un architecte agnostique et longtemps décrié. Ballet de danse contemporaine, créations théâtrales, musicales, concerts, expositions, colloques, spectacle son et lumière: du 1er mai au 15 octobre prochain, 27 manifestations culturelles, assorties du label "d'intérêt national" de la Direction des Musées de France, se dérouleront en Haute-Saône pour rendre hommage à l'édifice inauguré le 25 juin 1955. Seize pèlerinages sont également prévus jusqu'au 8 septembre à la Chapelle Notre-Dame-du-Haut, lieu de dévotion dédié à Marie depuis de nombreux siècles. Les quelque 80.000 visiteurs qui viennent chaque année à la rencontre de l'étrange vaisseau de béton blanc amarré au sommet de la colline de Ronchamp ont assuré la postérité d'un chef d'oeuvre architectural né dans la douleur. Lorsque après cinq années de tergiversations, la Commission d'Art sacré de Besançon finit par s'accorder sur le nom de Le Corbusier pour reconstruire la chapelle détruite pendant la guerre, l'architecte, athée convaincu, commença par refuser l'offre. "Seule une visite sur le site de la chapelle et la promesse d'avoir une liberté totale pour concevoir le bâtiment l'ont convaincu d'accepter, mais quatre ans se sont encore écoulés avant le démarrage des travaux car Le Corbusier voulait que s'apaisent les polémiques suscitées par ses réalisations précédentes et souhaitait voir rassembler tout l'argent destiné à la construction pour éviter que le chantier puisse être interrompu", rapporte Jean-François Mathay, dont le père, François Mathay, fut, en Franche-Comté, l'un des fers de lance du projet. Sage précaution en effet, puisqu'à la même époque, une pétition contre ce drôle d'édifice au toit profilé façon tremplin de ski ou crustacé géant avait déjà trouvé son chemin jusqu'au Vatican. L'intérieur de la chapelle de Ronchamp © AFP/Archives Bruno Ferrandez "Dans une région de mentalité assez traditionnelle, la Chapelle de Le Corbusier a été très mal reçue. Mais les habitants de Ronchamp sont aujourd'hui conscients qu'ils ont un trésor en haut de leur colline", affirme Stéphane Potelle, historien spécialiste de Le Corbusier, "architecte agnostique mais emprunt de spiritualité". Cet édifice, le premier des trois ouvrages religieux conçus par l'architecte au cours de sa carrière, "est un casse-tête pour les historiens d'art car il ne s'inscrit pas dans la continuité du parcours de Le Corbusier", poursuit-il. "On y trouve la recherche de l'espace, le contrôle de la lumière, l'usage du béton caractéristiques de son oeuvre, mais aussi une dimension incroyablement personnelle à relier, sans doute, à la proximité du site avec la ville de la Chaux de Fonds, en Suisse, où Le Corbusier a grandi auprès de sa mère, Marie, qu'il vénérait et dont le prénom renvoie au culte marial de la chapelle". Lancée en 2002, une demande de classement de la Chapelle de Ronchamp au titre de "Patrimoine mondial de l'humanité" pourrait aboutir d'ici quelques années.