Statistique Cinquante-trois journalistes tués en 2004, selon Reporters sans frontières Trente-quatre "prédateurs de la liberté de la presse", 53 journalistes tués et 107 emprisonnés, dans le monde. C'est le bilan que l'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) dresse mardi 3 mai pour l'année 2004, à l'occasion de la 15e Journée internationale de la liberté de la presse et de son vingtième anniversaire. Près de la moitié de ces 53 journalistes ont été tués au Moyen-Orient, dont 19 en Irak. RSF indique que la présence des reporters étrangers à Bagdad a fortement baissé tout au long de l'année en raison de l'insécurité et de l'impossibilité de circuler librement dans le pays. Florence Aubenas, journaliste du quotidien français Libération, est toujours retenue en otage dans ce pays avec son guide, depuis son enlèvement, le 5 janvier. Trois journalistes roumains ont également été kidnappés fin mars. "L'IRAN, LE PLUS GRAND CACHOT" En 2004, 27 journalistes ont été emprisonnés au Moyen-Orient pour "diffamation", "insulte au chef de l'Etat", "insulte à l'islam" ou "propagation de fausses nouvelles", dont la moitié dans la seule République islamique d'Iran, selon RSF."L'Iran reste le plus grand cachot pour les journalistes du Moyen-Orient", indique l'organisation basée à Paris. "Pas moins de 13 reporters ont été incarcérés en 2004 par les autorités judiciaires à la solde des mollahs et des conservateurs." "Certains journalistes ont été placés en isolement, sans jugement ni accès à un avocat. D'autres ont subi des tortures et des mauvais traitements pour les contraindre à des aveux", précise l'ONG. Toutefois, c'est la Chine qui détient le triste record, avec 27 journalistes emprisonnés, dont Chen Renjie et Lin Youping, du journal Ziyou Bao, en prison depuis juillet 1983. Vient ensuite Cuba, avec 22 prisonniers. Pour tous, RSF demande une "libération immédiate et sans conditions". LISTE NOIRE Par ailleurs, 34 pays "prédateurs de la liberté de la presse"  ont été recensés dans le rapport 2004. De l'Arabie saoudite au Zimbabwe, du prince héritier Abdallah Ibn Al-Seoud au président Robert Mugabe, la plupart de ces "prédateurs" sont des chefs d'Etat. "Ces prédateurs, souligne RSF, ne sont que les figures les plus connues d'une liste noire de criminels de la liberté de la presse" dressée par l'organisation depuis le 1er janvier 2004. Une carte du monde, sur laquelle les Etats où la situation de la presse est "très grave" apparaissent en rouge, accompagne ce triste palmarès : Cuba en Amérique latine, la Libye, l'Erythrée et le Zimbabwe en Afrique, la Syrie, l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l'Iran au Moyen-Orient, le Turkménistan, la Chine, la Corée du Nord, le Népal, la Birmanie, le Laos etle Vietnam en Asie. NOUVEAUX DÉLITS DE PRESSE EN FRANCE La France elle-même, où la liberté d'expression a été au cœur des débats en 2004, n'est pas sans reproche : création de nouveaux délits de presse, interdiction de la chaîne libanaise Al-Manar, adoption d'une loi répressive sur l'Internet, inquiétudes concernant la protection du secret des sources, neuf journalistes agressés. En parallèle à ce rapport, un sondage CSA pour RSF révèle que 86 % des Français ont une bonne opinion du métier de journaliste et 59 % estiment que, compte tenu des risques encourus, les journalistes ne doivent pas aller en Irak. Enfin, 57% jugent que le gouvernement français n'en fait pas assez pour libérer les otages Florence Aubenas et son guide Hussein Hanoun. Depuis le début de l'année 2005, RSF dénombre 11 journalistes tués dans le monde. Avec AFP et Reuters