Annonce Cinq attentats réveillent le "scénario de la terreur" à Madrid Les bombes, posées dans des stations-service, n'ont pas fait de victime. La police soupçonne l'ETA. Madrid de notre correspondante L'organisation séparatiste basque armée ETA, dont les attentats terroristes ont fait quelque 850 morts depuis 1968, est probablement à l'origine de l'explosion, vendredi vers 18 h 30, de cinq bombes de faible puissance, dans différentes stations-service situées à la sortie de Madrid. La police analyse les explosifs et le mode opératoire de ces attentats mais, selon le ministre de l'intérieur, Antonio Alonso, tout porte à croire que leurs auteurs appartiennent à l'ETA. Il a également insisté sur le fait que cela ne signifie pas que l'ETA disposerait d'infrastructures stables à Madrid. Il n'y a eu que des dégâts matériels peu importants et deux policiers ont eu des problèmes de tympans... En revanche, la police a dû couper les voies d'accès et de sortie de la capitale, ce qui a provoqué des embouteillages monstres. Les Madrilènes étaient en effet très nombreux à quitter la ville pour cette fin de semaine, qui coïncide avec un pont de cinq jours en raison des fêtes de la Constitution et de la Vierge Immaculée. La direction générale du trafic a lancé un appel au calme et a demandé aux personnes se préparant à partir de retarder leur départ et de n'utiliser leurs voitures qu'en cas d'extrême nécessité. La situation est redevenue normale peu après 21 heures. PLAN D'URGENCE Le plan d'urgence de niveau 2 a été lancé, et les techniciens de désactivation d'explosifs, les Tedax, se sont rendus sur les lieux pour vérifier qu'il n'y avait pas d'autres engins, l'ETA ayant souvent, dans le passé, posé d'autres bombes programmées pour exploser plus tardivement afin de tuer ou de blesser des agents des forces de l'ordre. C'est un appel, vers 17 h 30, à la rédaction du journal basque Gara, d'un homme disant appartenir à l'ETA, un procédé souvent utilisé par l'organisation, qui a prévenu que des bombes exploseraient à 18 h 30. Les bombes avaient été déposées dans des poubelles, dans une cabane, près d'un arbre ou dans des fourrés, probablement par un seul commando. Selon l'agence basque Vasco Press, les experts de la lutte antiterroriste estiment que ces attentats rentrent dans une stratégie de l'ETA et ont pour objectif d'accentuer la pression sur le gouvernement socialiste. Ils feraient suite à la "campagne d'été", durant laquelle des engins du même type ont explosé dans des endroits touristiques de la côte cantabrique, des Asturies et de Galice, ainsi que sur la ligne électrique entre la France et l'Espagne, du côté espagnol des Pyrénées. Ces dernières semaines, une dizaine d'attaques se sont produites contre les sièges des représentations socialistes au Pays basque et en Navarre et de fausses bombes ont été posées dans les voitures de conseillers municipaux. Les dispositifs de protection des personnes ont été renforcés et, depuis quelques jours, la présence policière à Madrid est plus voyante. En décembre 2003 et en décembre 2004, la police avait déjoué plusieurs tentatives destinées à provoquer de nombreuses victimes dans des gares ou des centres commerciaux de la capitale. Ces attentats ont été perpétrés dix-neuf jours après les déclarations d'Arnaldo Otegi, porte-parole de Batasuna, l'organisation interdite pour ses liens avec l'ETA, qui avait proposé de ne plus utiliser que "des moyens politiques et démocratiques", sans pour autant condamner les violences de l'ETA. Pour la plupart des analystes, Batasuna cherchait avant tout à pouvoir présenter des candidats lors des élections régionales qui doivent se tenir en mai 2005. Deux jours plus tard, l'ETA faisait exploser deux bombes dans un refuge militaire, sans faire de blessés parmi les soldats. L'une d'entre elles avait été déposée dans un réservoir de gaz qui, par hasard, était vide. Tous les partis ont condamné ces attentats, et M. Alonso a demandé aux Espagnols de partir en vacances et de refuser de tomber "dans le scénario de la terreur".