Nouveau/elle CINÉMA Après avoir quitté définitivement la maison Disney et les studios Miramax, les frères Weinstein volent de leurs propres ailes Une nouvelle compagnie voit le jour à Hollywood Les frères Harvey et Bob Weinstein abandonnent définitivement la maison Disney et les studios Miramax dès septembre prochain, pour renaître avec la Weinstein Company. Une page est donc tournée dans la carrière des deux frères. Cette compagnie, qu'ils avaient fondée en 1979, a construit sa notoriété sur des films très diversifiés en les commercialisant de façon originale. Cette capacité à prendre des risques avait abouti à de nombreux succès et à quelque 249 nominations aux Oscars et 60 victoires. Dont nombre de films français primés : Les Choristes, Le Goût des autres, Ridicule, Gazon maudit et, bien sûr, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain. Pendant des années, les frères Weinstein ont montré un intérêt peu commun pour un cinéma international issu de tous les continents. Ils ont été jusqu'à soutenir les quotas européens imposés, parce qu'ils ne croyaient pas à un cinéma uniquement américain. «Nous sommes intéressés par toutes sortes de films, affirme Harvey Weinstein, et nous avons toujours voulu soutenir le développement des marchés cinématographiques locaux.» Difficile pour ces producteurs atypiques de se décider entre films chinois, américains et européens : le créneau était diversifié et le restera. Connus pour leur goût du risque, les deux frères, amateurs de cinéma européen et asiatique, ne comptent pas y renoncer. Même si les films à très gros budget ne sont pas au programme dans l'immédiat, comme c'était le cas du temps de Miramax. «Nous avons perdu 5 millions de dollars avec Gangs of New York, par exemple, mais en avons gagné 20 avec L'Aviateur. En fin de compte, les deux films se sont équilibrés et nous avons quand même réalisé du profit. Mais nous ne pourrons plus nous permettre ce genre de risques avec la nouvelle compagnie», explique Harvey Weinstein. Si Harvey Weinstein évoque Martin Scorsese à titre d'exemple, c'est qu'il a l'habitude des collaborations suivies avec les grands cinéastes, qu'ils soient ultramédiatisés ou non. Aussi, les frères continueront à collaborer avec Quentin Tarantino, Robert Rodriguez, Chen Kaige et Stephen Frears, entre autres. Mais les frères Weinstein sont toujours à l'affût de nouveaux talents originaux. «N'imitez pas Quentin Tarantino, venez avec vos propres idées. L'originalité est toujours ce qui fait tourner le monde !», intime Harvey Weinstein aux réalisateurs en herbe. Créativité, ouverture, originalité. Cela peut-il aider le monde à mieux tourner dans un contexte international aussi troublé ? Un de leurs projets, Breaking and Entering, avec Jude Law, était en plein tournage à Londres au moment des récents attentats. Harvey Weinstein veut miser sur le stoïcisme, compter sur l'éducation et le cinéma pour se débarrasser de la haine. «Nous devons continuer à faire du grand cinéma. Et ce que nous pouvons faire par la non-violence, c'est soutenir les droits des femmes au Moyen-Orient. Si les femmes gagnent la force de s'affirmer politiquement, alors vous verrez disparaître la guerre et les fanatiques», assure-t-il. Le cinéma d'ouverture comme antidote au fanatisme ? Voilà un véritable défi pour la nouvelle Weinstein Company.