Mort de Christophe MérieuxChristophe Mérieux
Mort Christophe MérieuxChristophe Mérieux, petit-fils de Charles Mérieux, fondateur du groupe pharmaceutique de même nom et par ailleurs futur président désigné de ce groupe, a trouvé la mort de manière accidentelle dans la nuit du 13 au 14 juillet alors qu'il séjournait dans l'une des propriétés familiales, située dans la Dombes (Ain). Il était âgé de 39 ans.L'annonce de ce décès a été rendue publique par une porte-parole du groupe dans l'après-midi du 14 juillet. Aucune information officielle ne devrait à court terme être donnée sur les circonstances exactes de cette mort qui serait la conséquence d'un malaise cardiaque suivi d'une noyade.Né en 1966, Christophe Mérieux est le deuxième des trois fils d'Alain Mérieux qui, dans les années 1980, organisa les grands mouvements stratégiques d'acquisition et de cession, de contrôle et d'entrée en Bourse conférant à ce groupe une nouvelle dimension internationale. Dans une famille où l'on privilégiait la formation pharmaceutique et la pratique des affaires, Christophe Mérieux choisit d'emblée de reprendre la voie médicale qu'avait empruntée son grand-père.ENGAGEMENT HUMANITAIREAprès des études à la faculté médicale de Lyon il s'intéresse rapidement à l'humanitaire et pratique la médecine en tant que coopérant au Vietnam avant de développer différentes actions dans plusieurs pays du Sud-Est asiatique.C'est en 1998 qu'il se rapproche de son père puis progresse au sein des différentes instances dirigeantes du groupe. Vice-président du groupe et directeur des affaires médicales et de la recherche et du développement, il assure aussi les fonctions de président directeur général Transgène, l'une des sociétés de biotechnologie de la holding familiale. Il présidait Lyon-Biopôle, l'un des principaux pôles français de compétitivité à vocation internationale.Tout était ainsi en place pour que Christophe Mérieux succède - sans doute dès 2007 - à l'ensemble des fonctions exercées par son père. Plusieurs responsables médicaux et scientifiques lyonnais avaient récemment noté chez lui une modification de comportement. Ils expliquaient que tout semblait s'être passé comme si le médecin féru d'humanitaire était enfin parvenu à prendre ses marques vis-à-vis d'un carcan familial dont il n'était pas, jusqu'alors, parvenu à véritablement se libérer.Mais ces quelques éléments biographiques seraient privés de leur sens s'ils n'étaient pas replacés dans l'histoire, tragiquement mouvementée depuis quatre générations, de la plus prestigieuse des dynasties lyonnaises directement issue de la bourgeoisie soyeuse.A la fin des années 1920, le fondateur Marcel Mérieux, ancien assistant du pastorien Emile Roux, choisit son fils aîné Jean pour lui succéder dans la carrière pharmaceutique et vaccinale qu'il a ouverte. Mais Jean disparaît tragiquement en 1926, victime d'une méningite tuberculeuse contractée, pense-t-on, dans le laboratoire paternel. Aussi est-ce Charles, le cadet, qui prendra la succession en 1937, à la mort de son père. Celui que Lyon surnommera plus tard, avec un immense respect, "le docteur" se révèle bientôt un visionnaire humaniste, un passionné de santé publique. C'est aussi un industriel avisé qui assure avec brio la transformation d'un petit laboratoire pharmaceutique artisanal en un des premiers producteurs mondiaux de vaccins.Suivant l'exemple de son père Charles Mérieux commence, dans les années 1960, à associer ses deux fils, Jean et Alain, à l'entreprise familiale en pleine expansion. En décembre 1975, Christophe, alors âgé de 9 ans, est enlevé sur le chemin de l'école par des ravisseurs. Ces derniers réclament 20 millions de francs pour restituer l'enfant. Michel Poniatowski, alors ministre de l'intérieur, refuse que la rançon soit versée pour " éviter la récidive". Le président Giscard d'Estaing dit partager cet avis et la famille ne trouve d'appui et d'aide qu'auprès de Jacques Chirac, alors premier ministre. La rançon est versée et Christophe bientôt retrouvé dans une poubelle. Charles Mérieux et sa famille sauront se souvenir de l'aide apportée par Jacques Chirac.En 1994, Jean trouve la mort dans un accident de la circulation automobile. Le 17 juillet 1996, Rodolphe, premier fils d'Alain, meurt dans l'explosion du Boeing du vol 800 de la TWA reliant New York à Paris et qui fera 230 victimes. C'est à ce moment que Christophe décide d'embrasser la carrière promise à son frère et des fonctions auxquelles il ne se destinait initialement pas. Il aura donc trouvé la mort dix ans, presque jour pour jour, après son aîné.Christophe était célibataire et n'avait pas d'enfant. Il ne reste aujourd'hui qu'un fils Mérieux, Alexandre, âgé de 32 ans, membre du conseil d'administration de BioMérieux. Si nul ne peut aujourd'hui mesurer quelles seront les conséquences de cette disparition précoce, l'histoire montre que cette puissante famille lyonnaise a, depuis près d'un siècle, toujours su trouver en son sein l'énergie et le courage lui permettant, au total, de dépasser les événements les plus funestes.