Mort de Christian Babou
Mort Christian Babou, des toiles dévorées par la couleur et la lumièreLe peintre Christian Babou est mort samedi 7 mai, à Paris, d'un cancer. Né le 27 juillet 1946 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), Christian Babou étudie à l'Ecole des beaux-arts de Bordeaux, avant de venir travailler à Paris en 1971. Il participe au Salon de la jeune peinture, se lie avec d'autres artistes comme Yvan Messac ou Le Boul'ch, rencontre les critiques Gérald Gassiot-Talabot, Patrick Le Nouëne ou Jean-Louis Pradel.Ses premières œuvres, réunies sous le titre "Résidences de prestige" (1971-1974) donnent le ton : un inventaire précis, ironique et parfois cruel dans son constat, de la banalité des constructions traditionnelles en France, chaque façade de pavillon affichant crânement son"style" régional, du Val-de-Loire à l'Ile-de-France. Après ce portrait féroce du rêve petit-bourgeois, qui comprend aussi un inénarrable catalogue de tondeuses à gazon, la série des"Ornements" (1974-1977) approfondit l'inventaire avec de grands tableaux représentant des détails d'architecture traditionnelle, comme les Epis poinçons, et autre Amortissement de dôme.Les "Dômes", précisément, sont le sujet qui l'occupe de 1976 à 1980, puis les "Gargouilles" (1980-1981). Les séries se succèdent ainsi, souvent liées à l'architecture, comme les "Bastides" (1987-1992), prétextes à des tableaux qui, sans abandonner une proximité avec la dernière génération de la figuration narrative, deviennent au fil du temps de plus en plus épurés, laissant la toile dévorée par la couleur et la lumière.Une rétrospective en 2004 à La Seyne-sur-Mer a permis de prendre la mesure d'une œuvre qui reste pourtant méconnue. Gascon, Babou pouvait, comme d'Artagnan, être surpris de ce que les Parisiens daubent son cheval jaune. Son ami le peintre Bernard Rancillac le décrivait comme "joyeux drille, amateur de vin, de femmes, de maisons..." , mais ses proches savent la blessure qu'il avait, comme trop de peintres aujourd'hui, d'être ignoré des institutions de son pays.