Visite Chirac appelle la France et l'Arabie saoudite à unir leurs efforts contre les fanatismes Le premier chef d'Etat occidental à s'exprimer devant le Majlis, le conseil consultatif saoudien, Jacques Chirac a salué, dimanche 5 mars, les réformes adoptées "dans un esprit de démocratie" par le royaume wahhabite, tels que "l'introduction du suffrage pour le renouvellement des conseils municipaux, dans un esprit de démocratie, ou l'arrivée des femmes dans les organes directeurs des Chambres de commerce". Le chef de l'Etat, qui effectue une visite d'Etat de trois jours en Arabie saoudite, a apporté son soutien à la "politique de renouveau et de croissance" du roi Abdallah. Quelques semaines après le début de la crise des caricatures de Mahomet, et au lendemain de la diffusion d'un message du numéro deux d'Al-Qaida appelant à lancerdes attaques contre l'Occident, Jacques Chirac a estimé que l'Arabie saoudite et la France, "fortes d'une identité forgée par l'histoire et la culture, (...) peuvent unir leurs efforts pour faire échec à ceux qui, en attisant le feu des fanatismes, provoquent un triste choc des ignorances qualifié de choc des civilisations". IRAN : "LA MAIN RESTE TENDUE" Soulignant que l'Arabie saoudite "se mobilise courageusement afin d'affirmer son rôle modérateur face aux menaces", M. Chirac a affirmé la solidarité de la France avec la lutte que mène Ryad contre le terrorisme. "Nous gagnerons ce combat en unissant nos efforts et en le conduisant dans le respect du droit et de nos valeurs". Aux yeux de Jacques Chirac, le souverain saoudien "s'emploie avec sagesse et expérience à doter son pays des moyens de répondre aux défis qui s'annoncent pour les prochaines décennies". Dans un contexte régional "marqué par tant d'incertitudes", "la France se doit de marquer sa disponibilité à s'engager plus avant pour contribuer à la sécurité" de l'Arabie saoudite, a souligné le président français - non sans arrière-pensées, puisque sa visite vise notamment à débloquer plusieurs gros contrats de défense. Jacques Chirac a aussi tablé sur une stimulation des échanges commerciaux entre Paris et Riyad, citant la perspective d'un accord de libre échange entre le Conseil de coopération du Golfe et l'Union européenne. Le président français a aussi profité de cette intervention pour rappeler la position de la France sur certaines questions régionales sensibles. Au sujet de l'Iran, en particulier, il a estimé que "la voix de la raison que la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne avaient souhaité faire entendre sur le dossier nucléaire, n'a pas, pour le moment, été écoutée", tout en ajoutant que "la main reste tendue et l'Iran peut, à tout moment la saisir". M. Chirac a précisé que "l'assurance a été donnée à l'Iran qu'il pourrait développer sa capacité nucléaire à des fins civiles". "LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AMIE" Evoquant la Syrie, soupçonnée d'être impliquée dans l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, M. Chirac a jugé qu'"elle doit changer de comportement, en particulier dans ses relations avec le Liban et coopérer pleinement avec la commission d'enquête" sur cet assassinat. Enfin, revenant sur l'arrivée au pouvoir en Palestine du Hamas - sans le citer nommément - , il a estimé que les "légitimes préventions" de la communauté internationale ne pourraient être levées que par "la reconnaissance d'Israël, l'abandon des violences et le respect des engagements internationaux". M. Chirac a été applaudi par toute l'assemblée au terme de son discours. "Le Majlis al-Choura apprécie (...) vos prises de position positives dans les conflits régionaux, en particulier en Irak et en Palestine", a déclaré le président du Majlis. Il a également loué le souci de M. Chirac "d'éviter aux peuples les guerres et les catastrophes en optant pour la diplomatie comme moyen pour résoudre les conflits régionaux", une référence claire à l'opposition de la France à l'intervention militaire en Irak. Décrivant M. Chirac comme "le président de la République française amie", il a souligné qu'il s'agissait du premier leader étranger en exercice à prendre la parole devant le Conseil consultatif, un honneur interprété comme un signe de l'importance accordée par l'Arabie saoudite à cette visite.