Crise Chinois et Occidentaux condamnés à s'entendre dans la crise du textile GENEVE (AFP) - Chinois et Occidentaux sont condamnés à trouver un terrain d'entente pour sortir de la crise du textile du fait de l'énorme enjeu économique que représente le marché chinois, estiment à Genève des spécialistes du commerce international.Dernier rebondissement de la crise, la Chine a renoncé lundi à s'imposer des taxes à l'exportation de ses propres produits textiles en réponse à la décision de l'Union européenne vendredi de limiter les importations chinoises, et à des mesures similaires prises par les Etats-Unis.Cette dernière salve chinoise fait redouter une guerre commerciale entre la Chine et ses grands partenaires. Mais les Occidentaux ont autant besoin du marché chinois que Pékin a besoin des marchés des pays développés, fait valoir un bon connaisseur de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)."Le fond du problème c'est de se demander comment la Chine pourrait acheter des avions si elle ne peut pas vendre des vêtements", résume ce spécialiste du droit commercial qui a requis l'anonymat. "Je pense que la raison va l'emporter. Toutes les parties souhaitent une solution négociée", ajoute-t-il. "Pour l'instant, on montre les dents avant de négocier et c'est parfaitement normal".Le secrétaire américain au Commerce, Carlos Gutierrez, est attendu jeudi à Pékin pour des entretiens qui devraient être largement consacrés au textile.Les importations de textiles chinois dans le l'UE © AFP/InfographieComme le leur permet l'accord d'adhésion de la Chine à l'OMC, Américains et Européens ont demandé l'ouverture de "consultations" avec Pékin pour évoquer l'envolée des importations de produits textiles en provenance de ce pays depuis la disparition du régime des quotas en début d'année. Cette demande de consultation entraîne automatiquement une limitation des importations à leur niveau des 12 mois précédents, plus 7,5%.La Chine, en passe de devenir le troisième exportateur mondial de marchandises devant le Japon, pourrait en théorie contester ces mesures devant l'organe de réglement des différends de l'OMC en faisant valoir qu'elles sont discriminatoires. Mais une telle position risque d'être difficile à défendre puisque le gouvernement chinois les a d'avance acceptées en signant son traité d'adhésion."Les règles d'accession de la Chine à l'OMC sont très claires et très nettes. Elles sont en principe limitées dans le temps et en volume", relève Herwig Strolz, directeur général de la Fédération internationale des industries textiles à Zurich. "Je ne vois pas dans quel sens les choses pourraient dégénérer".Les experts soulignent que l'organe de réglement des différends est précisément fait pour canaliser les rivalités commerciales et interdit les mesures unilatérales."A mesure qu'elle s'intègre à l'économie mondiale, la Chine peut utiliser l'OMC pour faire respecter ses droits", estime l'avocat Brendan McGivern, du cabinet White and Case. "Il vaut mieux pour elle être à l'intérieur qu'à l'extérieur".Les sauvegardes ne pourront de toute façon s'appliquer au-delà de 2008 et leur durée maximale est d'un an, éventuellement renouvelable, pour chaque type de produit. Mais la crise du textile pourrait continuer à couver sous d'autres formes."Les gouvernements protectionnistes vont désormais chercher d'autres moyens d'arrêter les textiles chinois", prévoit M. Mc Givern. "Il pourrait s'agir de mesures anti-dumping ou de rétorsion contre des subventions".Européens et Américains restent sous la pression de leurs opinions publiques qui redoutent les suppressions d'emplois liées aux importations chinoises, rappelle un diplomate occidental. "La crise ne va pas disparaître du jour au lendemain, tant qu'il continuera à y avoir des emplois supprimés", observe-t-il.
