Visite Chine et Inde veulent renforcer une coopération empreinte de méfianceDix ans après le président Jiang Zemin, le président chinois, Hu Jintao, est arrivé en Inde, lundi 20 novembre, pour une visite destinée, selon ses propres termes, à "accroître l'amitié et la confiance mutuelle, à renforcer la coopération et tracer le futur de nos relations".En dix ans, les deux pays se sont considérablement rapprochés. Quasi inexistant dans les années 1990, le commerce entre l'Inde et la Chine a atteint 20 milliards de dollars cette année. A ce rythme, selon l'ambassadeur de Chine en Inde, M. Sun Yuxi, il devrait atteindre 50 milliards en 2010, dépassant largement l'objectif de 30 milliards fixé en 2005 dans le plan quinquennal pour la coopération économique et commerciale bilatérale.La Chine voudrait explorer avec l'Inde la possibilité d'un accord de libre-échange, mais, selon le ministre indien du commerce, Kamal Nath, cela "n'est pas à l'ordre du jour". Pékin et New Delhi se sont aussi entendus pour rechercher ensemble de nouvelles sources d'énergie.La méfiance qui sous-tend encore très largement les relations entre les deux pays explique la réticence indienne à certains investissements chinois, notamment dans des infrastructures stratégiques comme les ports ou les télécommunications. Plusieurs responsables chinois se sont plaints de "discriminations" dans l'attribution de certains grands contrats."Nous comprenons que chaque pays a des préoccupations sécuritaires. Mais si vous permettez la présence d'autres compagnies étrangères, les compagnies chinoises doivent être traitées sur le même pied parce que nous sommes amis et partenaires", affirmait récemment M. Sun. Les compagnies chinoises en Inde se plaignent aussi des difficultés qu'elles rencontrent, alors que, parallèlement, les grandes firmes indiennes, notamment d'informatique, ne cessent de se développer en Chine.Conséquence de la guerre de 1962, la méfiance est aussi alimentée des deux côtés par des problèmes qui subsistent, comme la présence en Inde du dalaï-lama et de 120 000 réfugiés tibétains ainsi que la coopération étroite entre Pékin et Islamabad. Le problème non résolu de la frontière ne devrait pas être abordé lors de cette visite.Le rappel récent, par l'ambassadeur de Chine, des revendications de son pays sur l'Etat d'Arunachal Pradesh a toutefois provoqué des réactions sévères des responsables indiens. "La relation sino-indienne va être l'une des relations bilatérales les plus importantes dans les dix ans à venir. La manière dont nous allons gérer cette relation aura un impact énorme sur la paix et la stabilité régionale et mondiale", a déclaré, il y a une semaine, devant le National defense college, le nouveau ministre des affaires étrangères indien, Pranab Mukherjee.Hu Jintao, qui aura ses entretiens politiques mardi à New Delhi, va se rendre aussi à Mumbai (Bombay), capitale économique de l'Inde, et à Agra, où il visitera le Taj Mahal. Il ira ensuite au Pakistan.
