Condamnation Chine : Chen Guangcheng condamnéSoutenu par la population, il réprouvait les avortements forcés. La condamnation est lourde, plus lourde que prévu pour l'activiste Che Guangcheng ( Libération du 19 août). Quatre ans et trois mois de prison ferme, c'est ce qu'a décidé le tribunal chinois de sa petite ville de Yinan, dans le Shandong. Chen dénonçait les avortements forcés pratiqués par les fonctionnaires de sa région. «Nous sommes révoltés par ce verdict car toute la procédure a été entachée d'irrégularités», s'est exclamé Me Li Fangping, un de ses avocats. Ceux-ci ont été empêchés par la police de se rendre au procès. Les avocats commis d'office par les autorités n'ont formulé aucune objection aux accusations du tribunal.Quotas. Officiellement, la condamnation du jeune activiste porte sur des «troubles à l'ordre public, dégradation volontaire des biens de l'Etat et obstruction de voies de circulation». Car Chen, qui était assigné à résidence depuis plusieurs mois, avait obtenu le soutien de nombreux habitants, venus manifester par centaines devant chez lui en février. Lors de leur dispersion, trois voitures de police avaient été retournées par la foule. Les autorités locales n'ont jamais pardonné ce mouvement populaire dirigé contre elles.Pendant un temps en Chine, l'activiste avait été largement médiatisé. La presse nationale en avait fait un «champion du petit peuple», citant en exemple ce handicapé il est aveugle qui avait appris le droit en braille afin d'aider les défavorisés. Des milliers, sans doute plus de 10 000 femmes, ont subi des avortements forcés, parfois à huit mois de grossesse. Ces pratiques sont illégales, mais utilisées par les autorités locales pour ne pas dépasser leurs quotas et être sanctionnés par leurs supérieurs dans le cadre de la politique de l'enfant unique.Test. Après que les autorités locales se sont retournées contre Chen, le black-out a été imposé dans la presse. Ce sont alors les médias étrangers et les internautes chinois qui ont pris le relais. Plusieurs juristes ont consacré tous leurs efforts à défendre Chen. Ils font partie de cette nouvelle génération d'activistes qui dénoncent les abus en matière de droits de l'homme en insistant sur le respect de la loi. Le cas de Chen était perçu par beaucoup comme un test de la capacité du gouvernement central à faire respecter l'Etat de droit, et à écouter la société civile. Mais une fois de plus ce sont de petits fonctionnaires locaux corrompus qui ont eu le dernier mot . Au risque d'affaiblir un peu plus la légitimité du pouvoir en place aux yeux de ses citoyens.
