Annonce Chez Conforama, des vendeurs en colère La répartition entre part fixe du salaire et commissions est au centre du conflit. Les vendeurs du magasin Conforama du Pont-Neuf, à Paris, sont massés, ce samedi 12 mars, aux entrées du magasin. Arborant des autocollants de la CGT, ils distribuent des tracts. A l'intérieur de la grande surface, les clients sont servis par des vendeurs d'un jour, recrutés à la dernière minute parmi les cadres de l'entreprise. "Nous sommes 40 % sur les 135 salariés du Conforama Pont-Neuf à faire grève pour le maintien de notre système de salaire", explique un membre du comité d'entreprise qui tient à garder l'anonymat. La direction du groupe s'apprête à modifier ce système non sans faire grincer quelques dents. "Les propositions ne correspondent pas à nos attentes ; on ne nous a pas écoutés lors des trois réunions consultatives", explique Mourad Kaabi, en grève au magasin de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). Le principal point d'achoppement concerne la répartition entre la part fixe du salaire et la commission de certains vendeurs. Dans le nouveau système, l'entreprise propose une hausse du fixe et une commission liée non plus à la marge bénéficiaire du produit, mais au chiffre d'affaires du magasin. "C'est une remise en question de notre pouvoir d'achat", fulmine Manuel Marini, secrétaire du comité central d'entreprise (CCE). Selon les syndicats qui n'ont pas signé l'accord salarial, ces dispositions créent une inégalité entre vendeurs des grands et des petits magasins. L'objectif affiché de la direction est d'harmoniser l'ensemble des rémunérations, et, par "cette nouvelle répartition entre part fixe et variable du salaire, pallier un éventuel ralentissement de l'activité", explique Marie-Christine Lavaux, porte-parole du groupe. Les vendeurs sont sceptiques et exigent de la direction un test grandeur nature dans quelques magasins. La situation des salariés non vendeurs ne les rassure pas davantage. Les syndicats FO, CGT et CFDT dénoncent des "augmentations de salaire dérisoires" pour 2005, "de l'ordre de 0,8 % en janvier avec un minimum assuré de 10,50 euros". A cela viendra s'ajouter en octobre une hausse supplémentaire de 1 %. La direction parle d'une augmentation de 2,5 % sur l'année et minimise les inquiétudes des salariés. "Seulement 23 magasins sur 150 ont été touchés par la grève ce qui représente 440 salariés sur les 9 000 que compte le groupe", tempère la porte-parole de Conforama. Dans le magasin de la rue Philippe-Auguste, près de la place de la Nation à Paris, on ne comprend pas les revendications. A l'intérieur, pas de grévistes ni de distribution de tracts, mais des vendeurs qui s'affairent auprès des clients. "Cela ne nous concerne pas", confie l'un d'eux, avant d'être rappelé à l'ordre par un vigile zélé. Conforama "est une entreprise familiale et ce n'est pas dans l'esprit des salariés de faire grève", souligne Manuel Marini. Pourtant, depuis deux ans, les partenaires sociaux ne parviennent pas à s'entendre sur un accord salarial. Les syndicats font porter la responsabilité au groupe Pinault-Printemps-Redoute qui exerce, selon eux, une pression croissante sur ses filiales, comme Conforama, pour financer sa politique d'expansion à l'étranger.