Annonce Chasse à la baleine : l'Australie durcit le ton Le Premier ministre australien a écrit à son homologue japonais pour condamner les "captures scientifiques" de cétacés réalisés par Tokyo. La lettre a été rédigée en termes exceptionnellement forts, selon les autorités australiennes. La chasse à la baleine, que le Japon mène à des fins "scientifiques", fait régulièrement l'objet de condamnations internationales. Cette fois-ci, l'Australie a décidé de durcir le ton. Dans un courrier sans précédent envoyé durant le week-end au Premier ministre nippon Junichiro Koizumi, le chef du gouvernement australien John Howard a appelé Tokyo à renoncer à ses ambitions, mettant en doute les raisons scientifiques avancées par le Japon pour tuer les cétacés. "Compte tenu que des méthodes ne nécessitant pas la mort d'animaux existent pour les recherches scientifiques, l'Australie pense qu'il n'y a pas de raison de tuer des baleines", a-t-il écrit, selon des extraits publiés dans le Daily Telegraph. Un million et demi de touristes affluent chaque année sur le littoral australien pour assister à la migration des baleines, a souligné John Howard, "la preuve évidente du grand intérêt du public pour le bien-être des baleines". Le ministre australien de l'Environnement Ian Campbell a indiqué que cette lettre, aux termes exceptionnellement forts, montrait la détermination du combat diplomatique que Canberra est prêt à livrer. "Ce que le Premier ministre a montré est que nous sommes prêts à aller jusqu'à des niveaux qui n'ont jamais été atteints auparavant", a-t-il affirmé sur la radio ABC. De son côté, la Nouvelle-Zélande a récemment indiqué qu'elle envisageait de poursuivre le Japon devant la Cour internationale de justice. "Culture japonaise" Un directeur adjoint à l'Agence nippone des pêches, a assuré que la "position (du Japon) sur la chasse à la baleine à des fins scientifiques ne changera pas simplement parce qu'il y a des pressions étrangères". "La chasse à la baleine fait partie de la culture japonaise", a-t-il ajouté. Le Japon avance que ses captures sont nécessaires, notamment afin de déterminer de manière précise l'âge des baleines et leurs habitudes alimentaires, et en particulier afin de prouver que les baleines Minke consomment une ressource maritime vitale. Tokyo a l'intention de presque doubler ses prises de baleines de Minke, actuellement de 440 par an, et de pêcher des baleines de plus grande taille, les baleines à bosses et les rorquals communs, des espèces menacées. Le Japon, où la viande de baleine fait partie des traditions culinaires, avait non sans réticence stoppé sa chasse commerciale en 1986 suite au moratoire de la Commission baleinière internationale (CBI) mais l'avait reprise l'année suivante utilisant une faille juridique qui autorise la pêche "à des fins scientifiques". Le sujet sera au centre des discussions de la prochaine réunion annuelle de la CBI, qui aura lieu du 20 au 24 juin en Corée du Sud. La rencontre sera précédée par plusieurs réunions d'experts commençant dès ce vendredi. Fin avril, le Consortium de recherche sur les mammifères marins du Pacifique Sud avait estimé que l'intensification de la pêche constituerait "une menace pour la reconstitution des populations de baleines dans le Pacifique Sud". Selon les experts, "le projet japonais est irresponsable et pourrait compromettre l'augmentation des populations et même conduire à la diminution de leurs faibles effectifs". photo : archives TF1