Cérémonie Chars et dollars pour l'investiture de Bush Aujourd'hui, le président américain prête serment pour un second mandat. Une fête coûteuse et en grande pompe sur fond de chaos irakien. Les bals, des concerts, une parade. L'investiture du président des Etats-Unis est, depuis deux siècles, l'occasion d'une belle fête populaire. Tout Américain doit pouvoir approcher son Président, puis admirer la «parade» : majorettes, chars, choeurs, chevaux, orchestres. Cette année, pourtant, la fête promet d'être moins spontanée. La pompe sera certes au rendez-vous. Bush a voulu faire les choses en grand, et il est prévu de dépenser un record de 40 millions de dollars, en grande partie payés par des grosses entreprises désireuses d'être dans les petits papiers du pouvoir. Mais la sécurité gâche l'ambiance. Le centre de Washington a été transformé en gigantesque camp hérissé de barrières métalliques ou d'obstacles en béton, envahi de policiers. Des lance-missiles ont même été installés çà et là. Pour voir le Président prêter serment, à midi devant le Capitole, ou pour assister à la parade, sur Pennsylvania Avenue, les centaines de milliers de badauds devront être munis de tickets, une première. Pour participer à un des neuf grands bals payants, clou de ces fêtes depuis 1809, il faudra faire la queue pendant plus de deux heures. La neige, qui a commencé à tomber hier matin, accompagnée d'un petit vent glacial, semble avoir décidé d'aggraver un peu la situation. «Résistance.» Par ailleurs, des milliers d'opposants à la guerre en Irak se sont promis d'être de la fête, à leur manière. «Il est important, dès le premier jour de son second mandat, de montrer qu'on continue la résistance à la guerre criminelle en Irak», déclare Sara Flounders, directrice de l'International Action Center. Il y a quatre ans, déjà, quelques oeufs avaient volé sur le passage du Président... L'investiture a été précédée d'une vaste controverse sur son coût: ces 40 millions de dollars pour l'apparat, plus les 17 millions de dollars pour la sécurité. Alors que des gens meurent chaque jour en Irak, et que la vie de millions d'Asiatiques a plongé dans l'horreur après le tsunami, ces dépenses dignes d'un couronnement semblent déplacées à de nombreux Américains. «Les précédents suggèrent que les cérémonies d'investiture, en temps de guerre, doivent être discrètes, ou même annulées», a écrit un représentant de New York, le démocrate Anthony Weiner, dans une lettre à George W. Bush. En 1945, Roosevelt s'était contenté d'une cérémonie sur le balcon de la Maison Blanche, suivie d'un frugal poulet-salade. Pour répondre à ces critiques, la Maison Blanche décrit la journée d'aujourd'hui comme une célébration de la patrie et de tous ceux qui combattent pour la liberté, pas du Président. Plan de sortie. Le chaos en Irak plane lourdement sur les cérémonies. Hier encore, au moins 26 personnes sont mortes à Bagdad dans des attentats à la voiture piégée. Bush ne manquera pas, lors de son discours, de vanter le progrès vers la liberté que représenteront les élections du 30 janvier. Mais il sait que le dossier irakien hantera le reste de sa présidence. Sa nouvelle secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, entendue pendant deux jours par la commission des Affaires étrangères du Sénat, n'a pas réussi à présenter un «plan de sortie» d'Irak clair. Pressée par les sénateurs, elle a admis de guerre lasse «quelques mauvaises décisions». Hier, la commission a voté en faveur de sa confirmation, par 16 voix contre 2, celles des démocrates John Kerry (Massachusetts) et Barbara Boxer (Californie). Lors du premier gala des festivités, organisé mardi soir pour les anciens combattants, George W. Bush n'a rien fait non plus pour rassurer ses concitoyens. Il a indiqué aux militaires que «bien plus leur serait demandé dans les mois et les années qui viennent».