Mort de Charly Gaul
Mort Charly Gaul, ancien champion cycliste luxembourgeoisL'ancien champion cycliste luxembourgeois Charly Gaul est mort des suites d'une embolie pulmonaire, mardi 6 décembre, à Luxembourg où il était né le 8 décembre 1932.De toutes les images laissées par l'Ange de la montagne", on gardera celle de son envol dans le massif de la Chartreuse en compagnie de "l'Aigle de Tolède" Federico Bahamontes, le 16 juillet 1958, année de son unique victoire dans le Tour de France. Sur un vélo, Charly Gaul était une énigme. Un petit bonhomme de pluie au regard à la Buster Keaton, qui n'aimait rien tant que le mauvais temps pour accomplir ses exploits de grimpeur sans pareil.Dans le Giro d'Italie déjà , c'est sous la neige et à travers le brouillard qu'il signa dès 1956 une victoire magistrale, dans ce que notre confrère de L'Equipe Philippe Brunel a appelé "une étape préhistorique". Plus la route s'élevait, plus Gaul accélérait, dans une pédalée souple et cruelle pour ses adversaires, tant elle marquait son écrasante suprématie. L'année d'après, il aurait pu l'emporter de nouveau si Louison Bobet et Raphaà«l Geminiani n'avaient pas attaqué au moment où il satisfaisait un besoin naturel. "J'ai été garçon boucher, je vais vous ouvrir le ventre !", cria-t-il furibard aux deux compères. La légende veut qu'il n'adressa plus jamais la parole à Bobet. En 1959, il remporta pour la deuxième fois le maillot rose de vainqueur du Tour d'Italie. L'homme avait de la suite dans les braquets.S'il donnait le meilleur de lui même sous les trombes d'eau, Charly Gaul ne supportait pas la chaleur qui lui valut de sévères défaillances. Comme tous les grands champions de la montagne, il était doté d'un tempérament fantasque. Lorsqu'il mit fin à sa carrière, il tourna le dos à la notoriété, partant se réfugier dans une forêt des Ardennes. Peut-être avait-il voulu retrouver, ayant mis pied à terre pour de bon, la solitude des sommets, du temps où il éparpillait des pelotons entiers derrière lui, entre les Alpes et les Pyrénées.Longtemps il fut invisible, confortant par son absence l'épaisseur et le trouble de sa légende. Avec les Suisses Ferdi Kà¼bler et Hugo Koblet, l'Espagnol Bahamontes ou le mythique "échassier" d'Italie Fausto Coppi, Charly Gaul appartenait à ce club très fermé des coureurs d'élite laissant dans leur sillage un parfum sulfureux et entêtant. Coppi était mort d'une fièvre ramenée d'Afrique. Koblet s'était tué au volant de son auto lancée à toute allure. Kà¼bler avait manqué mourir sur les pentes de l'Izoard. Gaul, lui, avait choisi la disparition comme mode d'existence.Il fallait être physionomiste pour reconnaà®tre, dans ce spectateur anonyme et bedonnant venu sur la route du Tour, certains étés, la silhouette de Charly Gaul. D'après les témoins qui le repéraient, seul n'avait pas changé son regard transparent. Il vécut alors dans une cabane en bois, se fit ermite, chasseur, pêcheur, loin des hommes. "Il n'y avait que des arbres et de l'eau. Je passais les journées à planter des légumes. Les chevreuils venaient manger au bout de mon jardin", confessera-t-il plus tard, au début des années 1980, lorsqu'il reparut enfin. L'athlète superbe et imberbe avait laissé place à un vieux petit monsieur rondouillard et barbu, oublieux de sa propre gloire."