Accuser Charles Pasqua mis en examen L'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua a été mis en examen aujourd'huii dans un dossier concernant des largesses concédées à ses proches par l'homme d'affaires libanais Iskandar Safa, une mise en cause qui vient s'ajouter à celles prononcées dans cinq autres instructions. Dans l'affaire Safa, Charles Pasqua, aujourd'hui sénateur des Hauts-de-Seine, est poursuivi pour «recel d'abus de biens sociaux». Le juge Philippe Courroye, en charge du dossier, le soupçonne d'avoir bénéficié en sa qualité de responsable de l'association France-Afrique-Orient (FAO) de la mise à disposition entre 1989 et 1993 de locaux situés boulevard de La Tour-Maubourg à Paris (7e arrondissement) appartenant à M. Safa. Aucun loyer n'aurait été payé par FAO pour ces locaux de bureaux, propriété de la holding de M. Safa, Triacorp international investment, le tout pour une valeur de 5,7 millions de francs (870.000 euros). Outre ce dernier épisode judiciaire, l'ancien ministre est mis en examen dans deux autres affaires par le même juge Courroye et dans trois dossiers devant la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à instruire et à juger les crimes et délits commis par des ministres «dans l'exercice de leurs fonctions». M. Pasqua conteste l'ensemble des faits qui lui sont reprochés. Le 28 mai 2001, le juge Courroye a mis en examen M. Pasqua pour «financement illégal de campagne électorale» au moment des élections européennes de 1999. Le lendemain, le magistrat l'a mis en examen dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola. La société de ventes d'armes Brenco aurait versé quelque 230.000 euros en 1996 à l'association FAO. Le juge a mis fin à ses investigations dans ce dossier en juin dernier. Le 8 octobre 2004, soit près de deux semaines après son élection comme sénateur, la CJR saisie de trois affaires concernant M. Pasqua dans l'exercice de ses fonctions de ministre de l'Intérieur (1993-1995), a prononcé des mises en examen dans les trois cas. Le premier concerne une autorisation d'exploitation du casino d'Annemasse (Haute-Savoie) délivrée en 1994 par M. Pasqua à un proche, Robert Feliciaggi, en échange d'un financement politique ultérieur présumé. Dans le deuxième dossier, M. Pasqua est poursuivi à propos du versement entre 1991 et 1995 de commissions par la Sofremi - une société d'exportation d'armes qui dépendait du ministère de l'Intérieur - à des proches de M. Pasqua. Enfin, ce dernier est mis en cause pour un agrément délivré pour le transfert du siège de la branche transport de GEC-Alsthom à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), objet en 1994 d'une commission versée à un de ses proches, Etienne Léandri, aujourd'hui décédé. Dans le dossier Safa, comme dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola ou dans celle de la Sofremi, M. Pasqua est mis en cause aux côtés de son ancien conseiller Jean-Charles Marchiani. Dans l'affaire Safa, la justice cherche à savoir si, comme l'indiquait une note de la Direction de la surveillance du territoire (DST), une partie d'une rançon qui aurait été débloquée par la France pour la libération des otages du Liban en 1988, aurait atterri sur le compte suisse des frères Safa, avant d'être partiellement versée à des proches de M. Pasqua. M. Marchiani, actuellement jugé par la 11e chambre correctionnelle à Paris pour une affaire de commission occulte présumée, était l'émissaire de Charles Pasqua lors de la libération des otages.