Prix Charles Dantzig remporte le prix Décembre LITTÉRATURE. Dictionnaire égoïste de la littérature française (Grasset) a reçu une des récompenses littéraires des plus conséquentes de l'automne. POUR AVOIR RÉPÉTÉ, depuis quelques semaines, que c'était un des ouvrages les plus importants de la rentrée, nous ne pouvons pas nous étonner qu'il reçoive aujourd'hui une des récompenses littéraires des plus conséquentes de l'automne. Le prix Décembre a couronné hier le Dictionnaire égoïste de la littérature française (Grasset) de Charles Dantzig, une somme qui n'avait pas attendu cette récompense pour s'imposer comme un ouvrage de référence. Dotée de 30 000 € grâce au soutien de Pierre Bergé, cette gratification est décernée par un jury indépendant présidé par Michel Crépu, de la Revue des Deux Mondes, et composé notamment de Frédéric Beigbeder, de Voici, de Jérôme Garcin du Nouvel Observateur et de Philippe Sollers, de chez Gallimard. Il prime l'oeuvre d'un écrivain qui n'est pas seulement lexicographe, mais également, mais surtout, poète, traducteur, éditeur chez Grasset et auteur d'une quinzaine d'ouvrages. On se souvient notamment de Nos vies hâtives, roman honoré par les prix Freustié et Nimier en 2001. Charles Dantzig, qui a fait ses premières armes à L'Idiot international de Jean-Edern Hallier, a appris auprès de l'auteur de La Cause des peuples à haïr infiniment lorsqu'il aime sans mesure. C'est ce qui fait tout le charme – et le génie – de son Dictionnaire aujourd'hui couronné, où l'exercice d'admiration le dispute au jeu de massacre. «C'est une sorte d'essai d'esthétique, et, malgré moi, un autoportrait», explique l'écrivain à qui on ne fera jamais dire un mot de mal de Marcel Proust. Lecteur passionné de Jean Racine, d'Alfred de Musset et de Paul-Jean Toulet, Charles Dantzig n'aime pas Aragon, Cioran et Claudel, et le dit. Il se promène en liberté dans une bibliothèque qu'il a repeinte à la couleur de ses rêves. Ambition irréfutable, qui arracha quelques cris d'admiration à Angelo Rinaldi dans Le Figaro littéraire : «M. Dantzig a soin de préciser que son Dictionnaire à lui est «égoïste», c'est-à-dire qu'il est le récit de ses plaisirs et déplaisirs. Est-il, au fond, plus honnête façon de procéder, quand l'objectivité absolue est impossible à atteindre et qu'à la rechercher on aboutit au mieux à un recensement ?» Le Dictionnaire égoïste de Charles Dantzig figure encore sur la dernière liste des prix Médicis, Renaudot et Fémina essais, récompenses qui lui seraient légitimement attribuées. n Errarum. Une erreur s'est glissée dans la légende de la photographie des membres de l'Institut (Le Figarodu 26/10). Il fallait lire, de droite à gauche, Jean Cluzel, François Gros, Gabriel de Broglie et Alain Decaux.