Changement Changement à la tête du ministère des affaires étrangères géorgienLe secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Guéla Béjouachvili, a été nommé jeudi 20 octobre, ministre des affaires étrangères en remplacement de Salomé Zourabichvili, l'ancienne ambassadrice de France à Tbilissi, relevée la veille de ses fonctions. La promotion de ce proche du président Mikhaïl Saakachvili ne devrait guère modifier la diplomatie géorgienne, inspirée par une volonté de rapprochement avec l'Europe et les Etats-Unis depuis la"révolution des roses" de décembre 2003, jugent les observateurs.M. Béjouachvili a déjà brièvement occupé les fonctions de ministre de la défense sous l'actuelle présidence. Il fut aussi vice-ministre de la défense sous celle d'Edouard Chevardnadze, mais il n'était plus membre du gouvernement lorsque ce dernier fut renversé par les manifestations populaires de fin 2003. "Nous ne changeons pas de politique" extérieure, a assuré Guéorgui Arvéladzé, chef de l'administration présidentielle géorgienne, alors que l'opposition dénonce déjà la nomination de M. Bejouachvili comme un pas vers Moscou, faisant craindre un infléchissement de la politique pro-occidentale affichée depuis le renversement du régime d'Edouard Chevardnadze fin 2003.Mme Zourabichvili a été limogée en raison des plaintes de certains de ses collaborateurs sur sa façon de conduire les affaires de son ministère. "Bien que la politique étrangère du pays ait été couronnée de succès depuis un an et demi, il y a de nombreuses choses inacceptables dans les relations entre le ministre et le Parlement", a expliqué le premier ministre géorgien, Zourab Nogaïdeli. Mme Zourabichvili s'est vu reprocher un manque de coordination avec les ambassades, un manque de respect pour le Parlement, ainsi que des jugements peu amènes sur ses collègues et certains autres dirigeants. Née en France d'immigrés géorgiens, elle avait été critiquée dès sa nomination pour sa faible expérience de la politique géorgienne et sa méconnaissance du russe, encore très utilisé dans la région.Mme Zourabichvili était ambassadrice de France à Tbilissi lorsque Mikhaïl Saakachvili avait demandé à son homologue français, Jacques Chirac, l'autorisation de l'intégrer à son gouvernement. Limogée, elle a annoncé son intention de rester en Géorgie pour défendre les valeurs de la révolution pacifique menée il y a deux ans, et a reçu jeudi le soutien de milliers de Géorgiens venus lui manifester leur appui. "Je vous suis reconnaissante d'être venus ici, non pour moi, mais pour vos enfants et votre avenir", a lancé Mme Zourabichili, des propos retransmis par la télévision Roustavi-2. "Aujourd'hui, je commence une nouvelle vie, celle d'une femme politique indépendante. Cela ne veut pas dire que je vais entrer dans l'actuelle opposition, mais je ne peux pas laisser la Géorgie dans une telle crise", a-t-elle ajouté.Dans un entretien avec l'AFP jeudi, Mme Zourabichvili a dénoncé son "élimination" par un "vieux système" résistant au changement. Elle s'est toutefois gardée d'égratigner le président Saakachvili, qui a péché, selon elle, par "faiblesse" en ne réussissant pas à la défendre.
