annonce Cessez-le-feu unilatéral proclamé par les Kurdes du PKK L'annonce intervient alors que le Premier ministre turc attend l'aide des Américains dans sa lutte antiterroriste. Le «cessez-le-feu unilatéral» annoncé par les rebelles kurdes turcs du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, indépendantiste) est entré en vigueur dimanche. Le jour même où le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan arrivait à Washington pour discuter avec Bush d'un engagement accru des Américains contre les bases arrières en Irak du nord de cette organisation considérée comme terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union Européenne. «Je vais demander une mise au clair de l'attitude de Washington face à ces terroristes», a déclaré au quotidien Hürriyet le Premier ministre issu du mouvement islamiste qui, plusieurs fois ces derniers mois, avait évoqué l'éventualité d'une opération turque au-delà de la frontière. L'administration américaine s'y oppose, craignant un embrasement du Kurdistan irakien, seule zone du pays épargnée par les violences. Mais elle promet des mesures «effectives» contre les 5 000 combattants du PKK retranchés dans les montagnes de Qandil. Ces pressions croissantes expliquent l'annonce d'une trêve lancée jeudi du fond de sa prison d'Imrali (au large d'Istanbul) par Abdullah ÷calan, le leader charismatique de l'organisation condamné à la prison à vie. «Cette chance pourrait être la dernière», a déclaré le chef rebelle dans un message diffusé par ses avocats appelant à un processus de réconciliation entre Turcs et Kurdes (13 % de la population). La «sale guerre» entre Ankara et les rebelles kurdes en lutte pour l'autonomie pour la région du sud-est anatolien a fait plus de 37 000 morts entre 1984 et 1999. Une trêve précédente avait été interrompue en 2004 et le nombre d'accrochages avait augmenté, coûtant la vie cette année à 79 représentants des forces de l'ordre. Les attentats se multiplient, notamment revendiqués par de petits groupes comme les TAK (Faucons pour la liberté du Kurdistan) dissidents du PKK. Afin d'arrêter un engrenage de la violence qui risque d'entraîner un durcissement sécuritaire et compliquer la marche turque vers l'Europe, le DTP (Parti pour une société démocratique) le principal parti kurde de Turquie avait appelé le PKK à proclamer un cessez-le-feu, il y a quinze jours. Erdogan avait déclaré l'an dernier que «la question kurde ne se [résoudrait] qu'avec plus de démocratie». Mais sa marge de manoeuvre se fait d'autant plus étroite que le nouveau chef d'état-major de l'armée, le général Yasar Büyükanit, laïc convaincu et défenseur acharné de l'intégrité de la nation, est hostile à tout compromis. «Un cessez-le-feu se fait entre des Etats et non avec une organisation terroriste», avait déclaré le Premier ministre en réponse aux déclarations d'÷calan exigeant d'abord du PKK qu' «il dépose les armes». Il a néanmoins affirmé dimanche que si les guérilleros respectent leur engagement, «aucune opération ne sera menée sans raison par l'armée».