Expulsion Ces montagnards utilisés par la CIA pour lutter contre les communistes pendant les guerres d'Indochine, se rendent aux autorités laotiennes Laos : Vientiane pourchasse les derniers Hmongs Après avoir été interrogés pendant trois jours dans les locaux des services d'immigration de Vientiane, trois Américains de la Fact Finding Commission, une organisation militant pour la cause hmong basée aux Etats-Unis, ont été expulsés lundi du Laos. Leurs films, caméra et téléphone satellite, ont été saisis. Affamés, trop mal équipés pour contre-attaquer, les derniers Hmongs, des montagnards qui furent utilisés tour à tour par les Français puis par la CIA contre les maquis communistes pendant les deux guerres d'Indochine, n'ont aujourd'hui d'autre choix que de se rendre aux autorités laotiennes. Un premier groupe de 170 femmes et enfants est sorti de la jungle samedi matin. Inquiets de la réaction des militaires laotiens, Ed Szendrey, son épouse, Georgie, et deux Américains d'origine hmong, Sia Cher Vang et Nhia Vang Yang, se trouvaient sur la route numéro sept, dans la province du Xieng Khouang, pour les accueillir.«Des femmes en haillons, des enfants mourant de faim, quelques jeunes hommes aux blessures purulentes sont arrivés samedi à l'aube. Tous étaient épuisés», décrivait hier à Bangkok Georgie Szendrey, une des fondatrices de l'organisation. «Le chef de la police locale n'a pas manifesté d'animosité. Mais quand l'armée laotienne est arrivée cinq heures plus tard, elle a établi un cordon de sécurité et a emmené le groupe des Hmongs dans un endroit non spécifié. Après plusieurs tirs de sommation, les nouveaux arrivants étaient terrifiés.» «Moua Thoua Ther, le chef des rebelles, a tout juste eu le temps de nous confier sa famille et ses amis et il est reparti dans les montagnes.» Sur le chemin du retour, les quatre activistes, qui pour leur propre sécurité avaient prévu de quitter le pays le jour même, ont été arrêtés au barrage de police du kilomètre 52, au nord de Vientiane. «Nous avons été interrogés pendant des heures. Nous avons répété aux autorités laotiennes que nous apportions des vivres et des vêtements d'enfants pour les Hmongs qui sortaient de la jungle. J'ai refusé de signer un papier en lao, qui devait être une confession», ajoute Ed Szendrey, un ancien officier de police de Californie. «Nous sommes très mécontents que des citoyens américains viennent au Laos pour calomnier le gouvernement et manipuler l'information», a commenté Yong Chantalangsy, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Il n'y a plus de rebelle au Laos. Il ne s'agit que d'un déplacement de population dans le cadre des programmes de développement du pays.» Depuis samedi, personne n'a de nouvelles des 170 Hmongs qui se sont rendus. Un dernier militant de l'organisation américaine, Sia Cher Vang, accusé d'avoir organisé le voyage, est toujours détenu à Vientiane. «Nous sommes extrêmement inquiets à son sujet», dit Ed Szendrey. Et dans une communication par téléphone satellite, Moua Thoua Ther a indiqué hier au Figaro qu'il a décidé de retarder la reddition d'un second groupe de 3 000 Hmongs, initialement prévue pour lundi matin.
