Cérémonie Cérémonie en grande pompe pour le 60e anniversaire de la victoire sur le nazismeAvec la parade de deux mille anciens combattants qui ont traversé la place Rouge en camions de la seconde guerre mondiale et des milliers de soldats en uniforme de l'Armée rouge de l'époque, la Russie a offert, lundi 9 mai, à ses invités de marque venus du monde entier, une évocation spectaculaire de la victoire d'il y a 60 ans."Nous devons rester fidèles au souvenir de nos pères face aux menaces du terrorisme", a déclaré M. Poutine dans un discours marquant le début du défilé, après avoir dit, entouré notamment du président américain George W. Bush, de son homologue français Jacques Chirac et du chancelier allemand Gerhard Schröder, que la Russie se "souviendrait toujours" de l'aide apportée à l'URSS par les alliés occidentaux lors de la guerre. Le premier ministre britannique, Tony Blair, était absent pour des raisons de politique intérieure. "Nous devons défendre un ordre mondial (...) qui ne permet pas la répétition ni de guerres froides ni de guerres chaudes", a encore dit le président Poutine, depuis la tribune.Le carillon du Kremlin a sonné dix heures (7 heures à Paris) et la cérémonie, retransmise en directe par les principales chaînes de télévision russes, a commencé immédiatement, sous un ciel gris, exactement comme le jour du défilé de la victoire, le 24 juin 1945, selon les anciens combattants.Une fanfare interprétant une marche militaire, trois soldats traversaient la Place rouge au pas de l'oie, portant le drapeau rouge de la victoire, celui même qui avait été hissé par les soldats soviétiques sur le Reichstag.Une cinquantaine de chefs d'Etat étrangers étaient présents dans la tribune installée près du mausolée - où gît toujours la dépouille du chef bolchevique Lénine.En face, les images des chroniques soviétiques de guerre défilaient en permanence sur un immense écran installé sur le mur du grand magasin Goum.Comme celle organisée par Staline dans Moscou dévasté de 1945, la parade a commencé avec la plus célèbre marche militaire russe, "Les Adieux d'une Slave", composée en 1912 et qui a accompagné les soldats russes et soviétiques lors des deux guerres mondiales.A la place des maréchaux soviétiques Guéorgui Joukov et Konstantin Rokossovski qui avaient présidé la parade il y a 60 ans, le premier sur son cheval blanc et le second sur un cheval noir, on a vu le ministre de la défense Sergueï Ivanov et le commandant de la région militaire de Moscou, le général Efremov, diriger le mouvement, debout dans deux immenses ZIL soviétiques décapotables.MOMENT ÉMOUVANTAprès l'adresse du président, est venu le tour des soldats en uniforme soviétique d'époque : tankistes ou marins avec leurs pistolets-mitrailleurs Chpaguine (PPCh), sapeurs avec leurs détecteurs de mines, aviateurs avec leurs casques et lunettes, planche de cartes à la main, et même spécialistes des unités cynophiles avec leurs chiens en laisse, d'un calme surprenant...A suivi le moment le plus émouvant du spectacle : les célèbres camions ZIS-5, d'une résistance légendaire, qui avaient transporté les troupes soviétiques pendant la guerre, et dont 140 pièces ont été fabriquées exprès pour la parade. Avec une modification toutefois : ils ont été équipés de sièges modernes confortables, pour accueillir leurs passagers. Montés à bord par vingtaine, les 2 600 vétérans ont traversé la Place rouge, saluant leurs camarades dans les tribunes avec leurs oeillets rouges, fleur traditionnelle de la fête de la Victoire en Russie.Presque autant d'anciens combattants installés sur les tribunes les regardaient, très souvent en pleurs, et le président russe lui-même paraissait ému par cette longue traversée.Et, pour clôturer le spectacle, une dizaine d'avions de combat ont survolé la Place rouge, laissant dans le ciel un triple nuage aux couleurs nationales, blanc-bleu-rouge."J'espère que cette parade a permis à tous ces invités étrangers de comprendre qui a vraiment gagné la guerre", a dit un vétéran, Léonid Velistov, 83 ans, visiblement impressionné par le spectacle.Nikolaï Chirokov, lui, regrette l'époque où l'on voyait défiler les unités de missiles et les chars. En 1945, "j'ai vu Staline sur sa tribune. Je savais déjà à l'époque que c'était un monstre qui a causé la mort de millions des nôtres, mais sans lui nous aurions perdu la guerre", dit-il avec conviction.Grâce aux mesures préventives et notamment aux moyens de transport mis à leur disposition, "aucun des anciens combattants n'a été victime de malaise cette année, alors qu'en général, les années précédentes, les ambulanciers devaient secourir une dizaine de personnes", a relevé un médecin.
