Annonce Célébration discrète à Pékin des 90 ans du réformateur Hu YaobangPEKIN (AFP) - Le régime communiste chinois a discrètement célébré vendredi la mémoire de l'ancien dirigeant réformateur Hu Yaobang, dont la mort en 1989 avait déclenché le mouvement pour la démocratie et dont l'héritage embarrasse un pouvoir soucieux d'éviter toute contestation.Signe de cet embarras, la célébration, sous forme de symposium, s'est déroulée à huis clos et sur invitations dans une salle du Palais du Peuple à Pékin, et a réuni 350 personnes, officiels et membres de la famille.L'agence officielle Chine nouvelle a fait état de la cérémonie en langue chinoise, avec une dépêche de trois lignes, annonçant la présence du Premier ministre Wen Jiabao et du vice-président Zeng Qinghong.Il n'en reste pas moins qu'il s'agit du premier hommage connu de Hu Yaobang depuis 1989, à une période où le gouvernement tente de se donner une image plus présentable, notamment à l'étranger.Les idées d'ouverture et d'intégrité politique de Hu Yaobang, dans un système figé et répressif, ont fait de lui le réformateur chinois le plus hardi depuis la prise du pouvoir par les communistes en 1949.Sur son service en anglais, destiné à la presse étrangère, Chine Nouvelle a diffusé un texte plus long, faisant état du discours du vice-président.Zeng a salué en Hu Yaobang, qui aurait eu 90 ans dimanche, un "guerrier communiste loyal".Mais, les officiels ont soigneusement évité toute référence aux critiques portées en son temps contre lui.En 1986, Hu Yaobang avait été accusé de favoriser la "libéralisation bourgeoise" et de ne pas avoir réussi à éviter des manifestations étudiantes, ce qui qui avait conduit à sa destitution en janvier 1987 du poste de secrétaire général du Parti communiste par Deng Xiaoping, l'artisan des réformes économiques et de l'ouverture de la Chine.Il n'a pas non plus été question du mouvement démocratique de Tiananmen, déclenché par la mort de Hu en avril 1989, puis réprimé dans le sang en juin.Seulement 15 des 30 anciens collaborateurs proposés par la veuve de Hu Yaobang avaient été autorisés à venir, a indiqué un ancien collaborateur de Hu sous couvert de l'anonymat.Selon ce dernier, cette célébration, sous forme d'une discussion, a permis d'éviter un jugement officiel sur le défunt, une coutume lors d'une commémoration.Pourtant, une source proche de la famille a indiqué que cette dernière s'était sentie réconfortée par cette célébration par les autorités.Cette réunion s'est également tenue en l'absence du président chinois Hu Jintao, qui se trouve en Corée du Sud pour le forum de Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), un signe que, même mort, Hu Yaobang gêne les actuels dirigeants qui, projets de réformes politiques en tête ou pas, tremblent à l'idée de la moindre secousse qui mettrait le parti et le régime en danger.Les milieux dissidents ont d'ailleurs dénoncé une douzaine d'arrestations ou de placements en résidence surveillée avant la cérémonie."Ils surveillent ma porte, je ne peux pas sortir", a indiqué par téléphone le dissident Qi Zhiyong, paralysé après avoir été blessé par balle en 1989 lors du massacre de Tiananmen.Un autre dissident, Liu Jingsheng, emprisonné pendant dix ans pour son engagement en faveur de la démocratie, a juste eu le temps de confirmer qu'il était placé sous résidence surveillée avant que le téléphone ne soit coupé.
