Accident Carole Montillet est une athlète réfléchie et solidement campée sur ses skis. Lundi 13 février, pourtant, lors du deuxième entraînement de la descente, la championne olympique en titre de la spécialité a été victime, 25 secondes après le départ, d'une chute spectaculaire qui l'a conduite à la polyclinique de Sestrières. Elle en est ressortie le soir avec un bilan médical plus rassurant que les images de son vol plané-grand écart : "Traumatismes costaux, dorsal et facial, bilan radiologique négatif." De solides douleurs, mais rien de grave. Lors de la même séance d'entraînement, trois autres concurrentes ont également été éjectées du parcours. L'Américaine Lindsey Kildow, âgée de 21 ans et vainqueur de deux épreuves de Coupe du monde de descente cette saison, est tombée lourdement. Evacuée en hélicoptère vers un centre de traumatologie turinois, elle ne souffre apparemment que d'un gros bleu à la hanche gauche et a été gardée en observation pour la nuit. La Canadienne Allison Forsyth, dirigée vers le même hôpital, s'est, elle, déchiré le ligament croisé antérieur du genou gauche et est sortie munie d'une attelle avant de rentrer chez elle pour y être opérée. L'Autrichienne Elisabeth Görgl, également éjectée du tracé, a pu rejoindre le bas de la piste à skis. Si la décision officielle ne devait être annoncée qu'au matin de la course, les chances de voir Carole Montillet s'aligner au départ de la descente olympique de San Sicario, mercredi 15 février, n'en étaient pas moins des plus minces, lundi soir. L'encadrement de l'équipe de France "qui surveille l'évolution de son état heure par heure", semblait enclin à la convaincre de se préserver pour le Super G du 19 février. "C'est une très grosse chute difficile à vivre à J-2, a déclaré Lionel Finance, patron du ski alpin féminin français. En ce moment, Carole est déçue et elle se repose. Si elle n'est pas au moins à 90 %, il ne serait pas raisonnable qu'elle prenne le départ mercredi, dans la mesure où il y a un Super G à venir. C'est d'autant plus décevant qu'elle était partie sur d'excellentes bases et qu'Antoine Dénériaz avait montré la voie." La championne olympique avait relevé la tête, lundi, après avoir partagé la veille avec son compatriote, vainqueur de la descente masculine, un bonheur connu quatre ans auparavant. Après une médiocre 24e place dans le premier entraînement, elle était en avance au premier temps intermédiaire lorsqu'elle s'est désaxée avant la réception d'un saut d'une vingtaine de mètres, situé sur le haut de la piste. "Un de ses skis a mordu la neige et elle a fait une faute de carre qui n'a pas pardonné", explique Christian Vigezzi, l'entraîneur de vitesse intégré au groupe féminin cette saison, avec lequel Carole Montillet dialogue plus particulièrement. Marie-Philippe Rousseaux-Blanchi, médecin de l'équipe de France de ski, a prescrit un traitement à base de physiothérapie et d'antalgiques décontractant, anticipant encore davantage de douleur pour Carole Montillet au réveil du lendemain. "Elle sera aussi très abattue et le contact de son visage très éraflé avec le masque risque de la gêner", a déclaré le médecin. Envie de trop bien faire, réaction d'orgueil par rapport à un premier entraînement décevant ? Rien de tout cela, selon les coaches. Pourtant, Carole Montillet chute rarement. "Elle est tombée lors d'un entraînement une fois cet hiver à Beaver Creek (Etats-Unis), mais je crois pas que ce soit arrivé en course depuis Val-d'Isère en décembre 2002", s'est rappelé Xavier Fournier, un de ses entraîneurs. "Je n'étais pas inquiet à la suite de son premier entraînement, affirme Christian Vigezzi, car elle avait conscience de n'avoir fait qu'une reconnaissance un peu rapide, et elle avait skié deux très belles manches lors du stage d'entraînement, la semaine passée. Une seule chose l'intéressait depuis notre arrivée ici : gagner la descente." Selon lui, l'explication de la chute résiderait plutôt dans un réchauffement de la piste. "Il y avait ce matin une petite pellicule de neige qui prenait un peu les skis", dit-il. Le profil de cette piste - qui servira également en partie pour le Super G - avait amené en 2005 les skieuses du groupe vitesse autrichien a lancé une pétition. "Je crois bien que les Françaises l'avaient signée, se souvient Xavier Fournier. On était venus ici en mars 2005 pour les préolympiques, il y avait pas mal de neige et la piste présentait moins de mouvements de terrain, moins de difficultés. Les filles n'avaient pas trouvé la piste suffisamment difficile, notamment pour le Super G. Du coup, elle a été remodelée, et le manque d'enneigement et le fait qu'on l'ait arrosée la rendent dure."