Anniversaire Canal + a vingt ans et la gueule de boisFini les cotillons, la chaîne cryptée panse ses plaies d'argent et s'efforce d'enrayer l'hémorragie des abonnés. Mais la chaîne cryptée mérite-t-elle encore son fameux «plus» ? Le dimanche 4 novembre 1984, à 8 heures, dans un désert cathodique, naît la toute première chaîne privée française. Vingt ans et des tonnes de cotillons plus tard, Canal + n'est plus qu'une chaîne parmi tant d'autres. Entre-temps, le PAF a explosé, passant de 4 chaînes en 1984 à 200 aujourd'hui. Le bouquet satellite TPS (détenu à 66 % par TF1 et 3 % par M6) est venu mordre les mollets de CanalSatellite, quelques mois après sa naissance. Canal + n'a plus ni le monopole du foot, ni celui du septième art, même si elle reste le principal bailleur de fonds du cinéma français. Entre-temps, le DVD a explosé, mettant les films à disposition six mois après leur sortie en salles, contre douze pour la chaîne cryptée. Entre-temps, Canal + aussi a explosé : la bande de joyeux drilles emmenée par André Rousselet puis Pierre Lescure s'est prise au jeu du Monopoly, fusionnant ici, rachetant là, accumulant les mauvaises affaires au point de se livrer en 2000, pieds et poings liés, à Jean-Marie Messier, patron de Vivendi et actionnaire majoritaire de Canal +. Devenue simple monnaie d'échange, la chaîne cryptée paiera au prix fort l'échec de l'extravagante fusion Vivendi-Seagram-Canal + rêvée par Messier : plans sociaux, économies drastiques et licenciements des joyeux drilles, jusqu'à Lescure.Canal + est en convalescence. Bertrand Méheut, son nouveau PDG, nommé par Jean-René Fourtou (successeur de Messier), l'a «rationalisée». Les abonnés, qui désertaient depuis quatre ans, repointent le nez. Mais tout reste à (re)faire. Car demain, ou plutôt après-demain vendredi, la ligue de football lance son appel d'offres pour les droits télé de la L1, le nerf de la guerre entre télés payantes. Canal + en détient aujourd'hui la meilleure part, mais TPS entend bien la rogner, voire lui dérober entièrement le foot. Des débuts en 1984, en passant par l'âge d'or de 1994 jusqu'à la convalescence de 2004, portrait en trois époques de Canal +, reflet d'un PAF en pleine mutation.
