Victoire Cammas et Ravussin remportent la transat le Havre-Salvador de Bahia - Sur leur trimaran Groupama-II, Franck Cammas et Stève Ravussin ont eu le triomphe modeste, mercredi 14 novembre, à l'arrivée de la Transat Le Havre-Salvador de Bahia, qu'ils ont bouclée en vainqueurs devant Lionel Lemonchois et Yann Guichard (Gitana XI), et Pascal Bidégorry et Yvan Ravussin (Banque populaire), troisièmes malgré une voie d'eau dans la coque centrale survenue à la suite d'un choc quelques heures avant l'arrivée. C'est que les deux compères s'étaient déjà imposés ensemble ici en 2001 et que leur mission est loin d'être terminée. A partir du 3 décembre, ils guetteront la fenêtre météo idéale, en quête du Trophée Jules-Verne (record du tour du monde en équipage) détenu depuis le 16 mars 2005, en 50 jours 16 heures et 20 minutes, par le maxi-trimaran Orange-II de 37 mètres de Bruno Peyron et un équipage de 13 hommes. Groupama-III, le maxi-trimaran de 31,50 m et 22 m de large, s'y attellera avec seulement 10 hommes. Dans cette aventure, Cammas a entraîné sans encombre Groupama. "Le projet remonte à 2003, explique Vincent Borde, manager de Franck Cammas. Groupama demande toujours à Franck ce qu'il souhaite faire plus tard, et ils adhèrent à un projet plutôt que d'essayer de le faire entrer dans un budget prédéterminé." L'entreprise et le skipper travaillent ensemble depuis dix ans. Le jeune homme, alors âgé de 25 ans, avait su faire valoir un profil séduisant. Après une année de Maths sup médiocre, il avait intégré l'institut nautique de Bretagne pour obtenir des diplômes maritimes, fort d'un monitorat de voile passé aux Glénans. Son dossier de candidature pour le Challenge Espoir Crédit Agricole - une compétition décernant une bourse intégrale pour une saison de Figaro-I (monotype de 9,10) - avait pourtant été refusé au motif d'un palmarès sportif inexistant. Mais on l'avait rappelé pour pallier un désistement et il était sorti vainqueur des tests, s'imposant rapidement comme un des tout meilleurs régatiers figaristes. Surnommé "le petit Mozart de la voile", Franck Cammas ne s'est d'abord pas fait que des amis en Bretagne. "C'est un compétiteur intelligent qui ne lâche jamais rien, dit Vincent Borde. Il analyse tout et sait s'entourer." Stève Ravussin confirme : "Il délègue systématiquement, car il est sûr de son équipe dont il ne contrôle jamais le travail, ça lui permet de se consacrer à 100 % à la météo et à la navigation." "PRESQUE TROP RAISONNABLE" Du coup, Cammas est moins à l'aise en solitaire. Sur trois Routes du rhum courues, il en a terminé deux (3e en 1998 et 5e en 2006) et a chaviré en 2002. "C'est un navigateur presque trop raisonnable pour ce truc de barjos", note Vincent Borde. "C'est un méthodique, dit Stève Ravussin. Or en solo, moi je navigue au feeling." Le maxi-trimaran Groupama-III, grâce auquel Cammas vise le Trophée Jules-Verne, a été conçu dans ce même esprit rationnel. Son skipper - qui, avec Stève Ravussin, est le seul à bord à n'avoir jamais effectué de tour du monde - l'a voulu à dimensions humaines pour mieux le contrôler. Avec ses 18 tonnes lorsqu'il sera chargé pour le départ (soit 2 fois moinsqu' Orange), il doit passer efficacement dans tous les types de mer et de météo. Ces derniers mois, Groupama-III a amélioré les quatre temps de référence auxquels il s'est attaqués : record de l'Atlantique Nord, Cadix-San Salvador, Miami-New York et record des 24 heures.