Exécution Californie: le condamné à mort Stanley Williams a été exécuté SAN QUENTIN (AFP) - Le condamné à mort emblématique Stanley "Tookie" Williams a été exécuté par injection létale dans la prison de San Quentin (Californie, ouest), a annoncé mardi une porte-parole de l'administration pénitentiaire. Moins de six heures avant l'heure fatidique, la Cour suprême des Etats-Unis a rejeté une demande de sursis présentée par ses avocats, leur dernier espoir après le rejet d'une demande de grâce plus tôt par le gouverneur. Le détenu a refusé de prendre un dernier repas, et après avoir été transféré à proximité de la salle d'exécution vers 18H00, "il a bu du lait et regardé la télévision". Environ 400 opposants à la peine de mort, criant des slogans et brandissant des pancartes, mais aussi priant face à des bougies, étaient rassemblés lundi soir devant la prison, à 30 km au nord de San Francisco. Parmi eux, la chanteuse Joan Baez. Des centaines de journalistes se pressaient aussi devant les grilles de l'établissement. L'affaire "Tookie", fondateur d'un gang des rues à Los Angeles en 1971, est très sensible et a rencontré un écho international du fait de la personnalité de ce détenu noir. Williams, qui a toujours clamé son innocence, s'est en effet reconverti en prison comme militant contre la violence, a écrit des livres pour enfants et a même été proposé pour le prix Nobel de la paix. Agé de 51 ans, il a reçu le soutien d'organisations de défense des droits de l'Homme comme Amnesty International, de responsables religieux comme Jesse Jackson et de nombreuses célébrités. Mais M. Schwarzenegger, partisan de la peine de mort, a refusé lundi de commuer sa peine en prison à vie, comme lui seul en avait le droit, et cela malgré l'émergence d'un témoignage d'un ancien prisonnier affirmant que Williams avait été victime d'un montage de la police. "Les affaires de grâce sont toujours difficiles et celle-ci ne constitue pas une exception. Après avoir étudié les preuves, fait des recherches historiques, entendu les arguments et avoir envisagé les conséquences, je n'ai trouvé aucune justification pour accorder une grâce", a indiqué l'ancien acteur devenu homme politique. "Les faits ne justifient pas d'aller à l'encontre du verdict du jury ou de la décision des tribunaux dans cette affaire", a conclu le gouverneur républicain. Jesse Jackson a estimé sur CNN que le gouverneur avait choisi "la revanche plutôt que la rédemption". Jackson, qui venait de rencontrer Williams pendant 25 minutes à la prison, a indiqué que le condamné à mort "avait un sentiment de paix" et ne voulait pas de "réactions violentes dans les rues". Les émeutes meurtrières de 1992 sont dans tous les esprits, mais la police de Los Angeles a indiqué lundi après-midi ne pas avoir d'informations crédibles sur des violences en préparation et n'a pas modifié son déploiement en prévision de l'exécution. Aucun condamné à mort n'a été grâcié depuis 1967 en Californie, quand Ronald Reagan, alors gouverneur de l'Etat, avait sauvé de l'exécution un condamné atteint de maladie mentale.