Diffusion Bush-Kerry, un premier duel sur l'Irak Les deux candidats se retrouvent ce soir à Miami pour le premier de leurs trois face-à-face télévisés en direct. Distancé dans les sondages, John Kerry doit absolument s'imposer pour rester dans la course à la Maison Blanche. C'est le premier grand tournant de l'élection. A 21h locales (3h, heure de Paris), George W. Bush et John Kerry s'affronteront par joutes verbales interposées à l'Université de Miami devant des millions de téléspectateurs. Dans le contexte de la campagne, marquée par des divergences idéologiques nettes et une bataille qui s'annonce serrée, les observateurs s'attendent à ce que ce premier débat, consacré à la politique étrangère -et donc à l'Irak-, obtiennent l'une des audiences les plus importantes de l'histoire présidentielle américaine. Les deux hommes ont donc préparé activement ce rendez-vous depuis une semaine, limitant leurs apparitions et leurs déplacements.   Sur le fond, John Kerry entend rester sur la stratégie qu'il mène depuis le renouvellement de son staff de campagne au début du mois : attaquer George W. Bush sur la guerre en Irak, lancée selon lui en dépit du bon sens, avec pour conséquence, d'avoir rendu "l'Amérique moins sûre" en fabriquant des terroristes prêts à la frapper et en l'isolant sur la scène internationale. De son côté, le président revendique sa "fermeté", présente l'Irak comme un pays en marche vers la démocratie et soutient que les terroristes salueraient la victoire éventuelle de Kerry. Pour l'instant, George W. Bush reste aux yeux des électeurs le plus crédible sur la politique étrangère. John Kerry a donc la possibilité de faire pencher la balance ce jeudi. Sinon, le troisième débat, programmé le 13 octobre sur l'économie, sa spécialité, pourrait ne servir à rien.   Kerry meilleur orateur, a priori   Le président sortant aborde cependant en favori cette confrontation. Selon les derniers sondages, il possède entre cinq et dix points d'avance sur son adversaire. Ce dernier tient là une occasion en or de faire tomber l'étiquette de mou inconstant qui lui colle à la peau. Les experts estiment que s'il est donné gagnant de ce débat, la course restera ouverte, sinon George W. Bush aura scellé son avance. Le candidat démocrate aborde pour sa part son duel avec confiance. Il a toujours été présenté comme un excellent orateur, sinon le meilleur, notamment à Yale lorsqu'il était encore étudiant. Mais, à l'instar de Al Gore en 2000, il ne doit pas sous-estimer George W. Bush. Annoncé comme un piètre débatteur, le candidat républicain s'était alors montré très adroit, au point de faire passer le vice-président de l'époque comme arrogant. Une arrogance que l'Amérique profonde lui avait fait payer quelques semaines plus tard. 32 pages de protocole   Marketing politique oblige, ce débat a été réglé au millimètre sur la forme. Les états-majors des deux camps ont négocié un protocole de 32 pages (!) qui impose des règles draconiennes. Les deux hommes pénétreront ainsi sur le plateau à 21h précises, se serreront la main et iront ensuite s'installer à leur place. La taille du pupitre, la distance entre les candidats, la couleur du décor, le type de chaises pivotantes, et même la température du studio (les démocrates redoutent que leur champion ne sue à grosses gouttes) ont été négociés. S'ils auront le droit de prendre des notes, Bush et Kerry ne pourront en revanche apporter ni aide-mémoire, ni graphiques ni documents écrits. Les temps de parole sont également strictement réglés : pas plus de deux minutes pour répondre à une question, une minute et demie pour la riposte, avec la possibilité de 60 secondes additionnelles à se répartir.