Crise Burundi: une grenade explose pendant le scrutin, au moins un mort BUJUMBURA (AFP) - L'explosion d'une grenade a fait au moins un mort vendredi matin au Burundi près d'un bureau de vote pendant les élections communales, a-t-on appris auprès de la police. "Une personne a été tuée et une blessée à Muyira (province de Bujumbura rural, voisine de la capitale) par une grenade près d'un bureau de vote", a déclaré le commissaire général de la police de sécurité intérieure du Burundi, Edouard Nibigira. L'explosion s'est produite vers 7h30 (5h30 GMT), peu après l'ouverture du bureau de vote. La province de Bujumbura rural est le fief de la dernière rébellion encore active au Burundi, les Forces nationales de libération (FNL). Des tirs d'armes légères avaient été signalés avant l'ouverture du scrutin dans un quartier de la capitale, Kanyosha, et dans un village de Bujumbura rural, Gasamanzuki. Des coups de feu ont également été tirés dans la province de Bubanza, limitrophe de Bujumbura rural, où 14 bureaux de vote n'ont pas pu ouvrir vendredi matin en raison de ces tirs, selon M. Nibigira. "Ce sont des tirs sporadiques, des tirs d'intimidation pour empêcher les gens d'aller voter. Il ne s'agit pas d'une violence généralisée", a-t-il assuré, sans autre précision sur l'origine de ces tirs. Les Burundais élisent vendredi leurs conseillers communaux, dans le premier d'une série de six scrutins prévus jusqu'au 23 septembre, dont une élection présidentielle, au suffrage indirect, le 19 août. Au terme de ce marathon, le pays sera doté d'institutions dont les membres sont élus, et non plus nommés comme c'est le cas depuis le début de la guerre en 1993. Les rebelles des FNL s'étaient engagés à ne pas perturber les élections de vendredi, mais avaient prévenu qu'ils riposteraient en cas d'attaque de l'armée. Ils ont signé un accord de cessation immédiate des hostilités le 15 mai, mais, depuis, des incidents sont signalés presque quotidiennement entre leurs hommes et l'armée. "C'est clair, il y a quelqu'un qui veut perturber les élections dans Bujumbura rural et Bubanza. Il y a visiblement des tirs d'intimidation du nord au sud de la province de Bujumbura rural et dans la partie de Bubanza qui jouxte la province de Bujumbura rural", a déclaré le porte-parole de l'armée, le commandant Adolphe Maniarakiza. "Nous ne savons pas qui est responsable", a-t-il ajouté. A l'approche des élections, les tensions se sont accrues. Deux membres du principal parti hutu, issu de l'ethnie majoritaire dans le pays, le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), ont été tués lundi lors d'une embuscade. Le Frodebu accuse son principal rival, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), émanation politique des FDD, l'ex-principale rébellion, qui participe aujourd'hui au gouvernement de transition. Jeudi soir, une roquette a été lancée contre le véhicule du candidat conduisant la liste du Frodebu dans une commune de Bubanza. Il est sain et sauf, a-t-on appris vendredi auprès de la police. La guerre au Burundi, qui a fait plus de 300.000 morts, oppose les rebelles hutus à l'armée, qui était encore dominée récemment par la minorité tutsie.