Annonce BUDGET Les surplus de recettes fiscales ont dépassé 9 milliards en 2004 Le déficit de l'Etat a reculé de 13 milliards en un an Le gouvernement avait promis une bonne surprise sur le terrain budgétaire. L'ampleur de celle-ci a été telle, hier, qu'elle est même apparue suspecte. Jean-François Copé a annoncé une baisse record du déficit du budget de l'Etat en 2004. Il recule de 13 milliards sur un an, à 43,9 milliards d'euros. «C'est la plus forte réduction jamais enregistrée», a souligné le ministre délégué au Budget. Jean-Pierre Raffarin, qui a salué «cette bonne nouvelle», peut maintenant se targuer d'être parvenu à ramener le déficit à un niveau inférieur à celui qu'il avait trouvé en 2002, à son arrivée à Matignon. La piètre exécution budgétaire de 2003, qui avait vu le déficit se creuser à près de 57 milliards, n'est presque plus qu'un mauvais souvenir. «Le résultat de 2004 récompense la politique du gouvernement depuis deux ans et demi», indiquait hier Jean-François Copé. De fait, ce résultat tient pour beaucoup à la vigilance des précédents locataires de Bercy. Jean-François Copé a d'ailleurs tenu hier à leur «rendre hommage». Francis Mer et Alain Lambert, à qui revienne la paternité du budget de 2004, s'étaient montrés particulièrement prudents en proposant de l'asseoir sur un taux de croissance modéré (1,7%) conjugué à une faible élasticité de recettes par rapport à cette croissance. Nicolas Sarkozy et Dominique Bussereau, qui leur ont succédé en avril, ont veillé à tenir fermement la dépense. Le taux de croissance plus robuste que prévu et le surplus de recettes fiscales qui en ont découlé ont fait le reste. Ce n'est pas une surprise complète. Le collectif budgétaire, qui donne une photographie des comptes de l'Etat à l'automne, avait déjà pris acte de l'amélioration économique en inscrivant 6 milliards d'euros de surplus et en ramenant le déficit de 55,1 milliards à 49,4. C'était sans compter sur les trois derniers mois de l'année qui ont vu le rythme des rentrées fiscales s'accélérer encore au point de générer un nouveau bonus de 3,2 milliards. Au total, l'Etat a encaissé 9,93 milliards de recettes fiscales et non fiscales de plus que le niveau inscrit dans la loi de finances initiale, dont 9,165 milliards pour les seules recettes fiscales. L'impôt sur les sociétés (IS) se taille la part du lion, avec un rendement total de 38,977 milliards, supérieur de 4,5 milliards au montant inscrit en LFI. Avec une mention spéciale pour l'acompte de décembre qui a produit un surplus de 1,8 milliard. Ce qui, selon Jean-François Copé, «reflète l'amélioration de la situation financière des entreprises». Vient ensuite la TVA qui enregistre un surplus de 2,47 milliards, à près de 121 milliards. De son côté, L'impôt sur le revenu affiche un surcroît de recettes de 1,4 milliard, à 53,411 milliards. De là à penser que les particuliers et les entreprises n'ont jamais payé autant d'impôts, il n'y a qu'un pas. «C'est l'activité, et non les impôts, qui a augmenté», martèle Jean-François Copé. L'amélioration tient aussi, selon le ministre, aux progrès du recouvrement. «Le développement des prélèvements mensuels et l'échéance de l'impôt sur le revenu permettent d'avoir des rentrées plus sûres et plus régulières», commente Bercy. Si l'on ajoute à ces recettes un gain de 1,2 milliard sur les charges inscrites aux comptes spéciaux du Trésor (collectivités locales, prêts aux Etats étrangers...), l'Etat a disposé de 11,2 milliards de plus que prévu l'an dernier. Un matelas d'autant plus appréciable qu'il n'a pas financé de nouvelles dépenses. «Tout oppose la gestion de l'année 2004 avec l'épisode des années 1999 et 2000», a d'ailleurs souligné le ministre en faisant référence aux surplus de recettes «dilapidées» sous le gouvernement Jospin. De fait, l'Etat n'a pas dépensé l'année dernière un euro de plus que le montant voté par le Parlement (283,7 milliards). Un bémol toutefois, le volume des crédits reportés de 2004 sur 2005 devrait atteindre 10 milliards, soit 1 milliard de plus que les crédits basculés de 2003 sur 2004. En dépit du recul historique du déficit, Bercy tenait hier à ne pas verser dans un optimisme béat. «Aussi bons que soient ces résultats, nos finances publiques restent convalescentes», insiste Jean-François Copé. De fait, l'effort réalisé en 2004 ne modifie pas l'équation. La réduction du déficit permettra tout au plus de ralentir un peu l'augmentation de la dette de 1 000 milliards d'euros et d'afficher un déficit public «proche de 3,6%» selon les mots du ministre du budget. En revanche, elle permet à Bercy d'aborder l'année 2005 sous de biens meilleurs auspices. «Comme nous finissons 2004 dans de bonnes conditions, la marche à grimper sera moins haute en 2005», indiquait hier un proche du ministre.
