Annonce Bruxelles bannit du ciel européen 96 compagnies aériennes Après une gestation laborieuse, la première "liste noire" des compagnies aériennes interdites d'exploitation au sein de l'Union européenne a été dévoilée, mercredi 22 mars, à Bruxelles, par le commissaire aux transports, Jacques Barrot.Pour la première fois, l'interdiction d'exploitation, et de survol, prononcée par l'Union européenne est valable, dès le 25 mars, sur l'ensemble de son territoire. Cette mesure va toucher plusieurs lignes au départ de capitales européennes sur l'un des quelque 300 appareils visés par ce dispositif sans précédent.Quatre-vingt-quinze transporteurs y sont inscrits, issus pour l'essentiel de cinq pays d'Afrique, mais aussi d'Asie centrale et extrême-orientale. Parmi les sociétés sanctionnées figurent, en particulier, Phuket Airlines, qu'empruntent de nombreux touristes européens en Thaïlande, et la compagnie publique de Corée du Nord, Air Koryo.Plus de la moitié de la liste est constituée de transporteurs originaires de République démocratique du Congo (ex-Zaïre) : dans ce pays, les autorités "ont des difficultés persistantes à mettre en œuvre et faire respecter les normes de sécurité applicables", souligne la Commission."Les Européens seront désormais les mieux protégés dans le monde", se réjouit M. Barrot. Le commissaire espère aussi que la mise en place de ce dispositif aura un "effet contagieux" sur d'autres continents : sans pouvoir interdire les vols réalisés dans des pays tiers, les autorités européennes invitent les ressortissants des Vingt-Cinq à ne pas voyager sur des trajets effectués hors de l'Union à bord d'avions de sociétés inscrites sur la "liste noire".L'application de ce dispositif, susceptible d'être actualisé au moins tous les trois mois sur proposition des Etats membres ou de la Commission, a représenté un travail de longue haleine. La Commission, activement soutenue par le Parlement européen, a dû vaincre les résistances des capitales et des autorités nationales de l'aviation civile, jalouses de leurs prérogatives.Les conditions de contrôle et d'interdiction d'une compagnie sont longtemps restées différentes d'un pays à l'autre de l'Union. Avant la création de cette liste, rares étaient les Etats membres qui, à l'instar de la France et du Royaume-Uni, avaient mis en œuvre un dispositif de ce type.Présenté dès février 2005, le projet de "liste noire" européenne a connu une soudaine accélération après la série d'accidents tragiques survenus pendant l'été 2005, dont le crash de la compagnie West Caribbean au Venezuela, qui a causé la mort de 160 personnes, dont 152 touristes français. Après avoir fait faillite, cette compagnie n'est pas inscrite sur la liste. Tout comme Flash Airlines, dont un appareil s'était écrasé en mer en janvier 2004 à Charm el-Cheikh (Egypte), entraînant la mort de 135 Français.Le dispositif a été approuvé à l'unanimité des Vingt-Cinq lors d'une réunion du Comité de sécurité aérienne européen. Chaque capitale avait identifié les compagnies, ou les pays, posant des problèmes de sécurité. Certaines demandes, comme celles de la France – qui suggérait de bannir International Air Services (Liberia), Air Koryo (Corée du Nord), Air Comores et Phuket Airlines (Thaïlande) – ont été adoptées sans trop de difficultés.Les discussions ont cependant donné lieu à quelques tractations entre les représentants des Etats membres. Ainsi, la compagnie congolaise Hewa Bora, qui relie Bruxelles à Kinshasa, ne fait, elle, l'objet que d'une interdiction partielle, pour l'un de ses aéronefs. Les autorités belges se sont cependant engagées à effectuer "des inspections au sol systématiques" sur les autres appareils de la compagnie.Par ailleurs, le Royaume-Uni demandait l'interdiction d'Air Mauritanie, qui fait la liaison deux fois par semaine entre Nouakchott et Paris. Mais la France et l'Espagne se sont opposées, à ce stade, à une telle mesure. Il a été convenu de réaliser une inspection supplémentaire sur les activités d'Air Mauritanie. Une décision définitive est attendue dans les deux mois.
