Accuser Bruno Gollnisch sera poursuivi pour ses propos sur les chambres à gazLYON (AFP) - Le procureur général près la cour d'appel de Lyon a réclamé lundi, à la demande du Garde des Sceaux, que des poursuites pour "contestation de crimes contre l'Humanité" soient engagées à l'encontre de Bruno Gollnisch, après ses propos sur les chambres à gaz qui avaient soulevé un tollé général.Le numéro 2 du Front national a immédiatement dénoncé "une persécution politique" engagée par le ministre de la Justice Dominique Perben. "C'est une intrusion délibérée du pouvoir politique dans une affaire où l'enquête avait conclu à mon innocence", a déclaré Bruno Gollnisch à l'AFP.Le 11 octobre dernier, lors d'une conférence de presse à Lyon, M. Gollnisch, tout en assurant "ne pas remettre en cause les déportations" ni "les millions de morts" des camps nazis, avait déclaré: "Quant à savoir la façon dont les gens sont morts, le débat doit avoir lieu".Interrogé sur les chambres à gaz, le député européen FN avait répondu: "Je ne nie pas les chambres à gaz homicides. Mais je ne suis pas spécialiste de cette question et je pense qu'il faut laisser les historiens en discuter. Et cette discussion devrait être libre".A la mi-octobre, le ministre de la Justice avait demandé au procureur de la République de Lyon Xavier Richaud l'ouverture d'une enquête préliminaire.Le rapport de police réalisé dans le cadre de cette enquête et remis récemment au Garde des Sceaux indiquait que les déclarations de M. Gollnisch pourraient ne pas être condamnables, a-t-on appris lundi dans l'entourage du ministre.M. Perben a cependant souhaité "que cette question juridique soit tranchée par un tribunal et donc que M. Gollnisch soit poursuivi pour délit de négationnisme", selon la même source.Dans un communiqué, le procureur général de Lyon Jean-Olivier Viout précise avoir transmis ses instructions au procureur de la République Xavier Richaud. Il demande que les poursuites pour "contestation de crimes contre l'Humanité" visent également Albert Rosset, conseiller régional FN, et Georges Theil, ancien élu régional FN, pour leurs propos tenus respectivement le 11 octobre et lors d'une interview télévisée donnée le 14 octobre.Bruno Gollnisch a dénoncé un "procès d'opinion" intenté par M. Perben, un "adversaire politique potentiel aux prochaines élections municipales de Lyon".Les déclarations de M. Gollnisch sur les chambres à gaz avaient entraîné une réprobation générale: du président du Parlement européen Josep Borrell aux ministres de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres et de l'Education nationale François Fillon, en passant par le président de la région Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne, et même Marine Le Pen, vice-présidente du FN.A la suite de ces déclarations, le président de l'Université Lyon III Guy Lavorel avait suspendu pour trente jours les cours de Bruno Gollnisch, professeur de droit international et de civilisation japonaise, "en raison des divers risques de désordre".Cette sanction prend officiellement fin ce lundi et les cours de M. Gollnisch doivent reprendre vendredi 3 décembre.Si le recteur de l'académie de Lyon juge "impensable" que l'élu dispense de nouveau ses enseignements, l'université de Lyon III prendra une décision en milieu de semaine.
