Annonce Brésil : Lula dans la tourmente des scandales de corruptionPendant plus de deux heures, dimanche 21 août, Antonio Palocci a tenu une conférence de presse à Brasilia. Le ministre de l'économie brésilien a voulu "personnellement" éclaircir et démentir les accusations de corruption dont il est l'objet. Un de ses ex-collaborateurs, l'avocat Rogerio Buratti, avait déclaré vendredi à la police qu'en tant que maire de Ribeirao Preto, avant d'être ministre, M. Palocci encaissait des pots-de-vin.Premier membre du gouvernement à répondre publiquement à des accusations de corruption, le ministre a apporté, sans jamais se départir de son calme, les réponses susceptibles d'apaiser, pour l'instant, des marchés financiers inquiets. Antonio Palocci a affirmé que les dénonciations à son encontre sont fausses, qu'il n'abandonne pas ses fonctions, même temporairement, et que la politique économique ne changera pas. En dépit de la gravité de la crise, il estime que "les fondements de l'économie brésilienne sont assez solides pour tolérer un changement de personne" , mais que "seule la vérité assurera le "blindage" de l'économie et du gouvernement" .Des propos qui font écho à ceux prononcés ces derniers jours par le président Luiz Inacio Lula da Silva. Jamais directement mis en cause, le chef de l'Etat a cependant présenté des excuses au peuple brésilien pour le scandale de corruption au sein du parti qui l'a porté au pouvoir, le Parti des travailleurs (PT, gauche). Lui aussi invoque la "vérité" , mais elle n'apparaît encore que fragmentée, et sous la contrainte des circonstances. Le président a dénoncé samedi, après la mise en cause de son ministre de l'économie, un "coup bas" . Il a réaffirmé "avoir la conscience tranquille" et "gouverner pour les plus pauvres du Brésil" .Quotidiennes et explosives, les révélations sur le financement illicite du PT ont depuis trois mois plongé le pouvoir brésilien dans une profonde crise. Elle avait débuté par un cas de corruption à la Poste, où un fonctionnaire avait été filmé empochant des liasses de billets au profit d'une petite formation politique, le Parti travailliste brésilien (PTB). L'affaire s'est envenimée quand le chef de ce parti, Roberto Jefferson, a accusé le PT de verser des "mensualités" à des députés alliés, en échange de leur vote des projets de loi.Ces accusations, pourtant sans preuve et proférées par un député lui-même soupçonné de corruption, ont immédiatement jeté le doute sur le PT et les instances dirigeantes du Brésil. Face à un parti et un pouvoir atones, le Congrès a instauré trois commissions parlementaires chargées d'enquêter sur ces affaires.Et les Brésiliens découvrent un réseau de corruption d'une ampleur peut-être inédite. Les diverses enquêtes, parlementaires et policières, ont identifié un système élaboré de caisses noires, le "potdevinduc", alimenté par un publicitaire qui effectuait des emprunts bancaires et redistribuait les sommes aux ordres du trésorier du PT. Aucune des investigations n'a encore établi si cet argent était, ou non, détourné des coffres publics.Au fil des découvertes, un grand nombre de têtes est déjà tombé : deux ministres proches du président Lula, des hauts fonctionnaires présidents ou directeurs de services publics, et la direction du Parti des travailleurs.
