Accuser Braconniers et soldats accusés du massacre de centaines d'éléphants en RDC Un récent rapport de l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) accuse des braconniers et des militaires d'avoir massacré des centaines d'éléphants dans une réserve protégée du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).Durant les six derniers mois de 2004, 17 tonnes d'ivoire ont été vendues par des braconniers opérant dans la réserve d'Epulu, en Province Orientale, selon le rapport de l'ICCN dont l'AFP a obtenu copie.Cette quantité correspond à l'abattage de 425 à 850 éléphants - en fonction de la taille et de l'âge de l'animal - soit un taux de braconnage "exceptionnel" pour l'ICCN."Entre juin et décembre 2004, la Réserve de faune à okapis (RFO), site du patrimoine mondial, a subi une pression de braconnage exceptionnelle qui a mis la faune, et surtout l'éléphant, sous une pression (...) jamais observée auparavant", souligne le rapport, s'appuyant notamment sur une enquête réalisée par l'organisation américaine Wildlife Conservation Society (WCS).Sans "contrôle immédiat", prévient l'Institut, les éléphants de la RFO, une des plus importantes populations de pachydermes de RDC, seront menacés d'une "élimination quasi-totale".Il y a dix ans, les scientifiques estimaient à entre 4.750 et 10.000 le nombre d'éléphants dans la réserve d'Epulu. Plus de la moitié de cette population aurait disparu pendant la dernière guerre sur le sol congolais (1998-2003). Un nouveau recensement est en cours, mais rencontre des difficultés en raison de l'inaccessibilité de certaines zones où subsistent des conflits, a-t-on précisé à WCS à Kinshasa.L'ICCN, qui a identifié 26 sites de braconnage, dénonce un trafic à grande échelle à destination de l'Ouganda et de la République centrafricaine, impliquant des membres de la police nationale, des militaires et des miliciens.Le rapport met notamment en cause des membres de l'ex-rébellion - soutenue par l'Ouganda - du Mouvement congolais de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba et de son allié local, le Rassemblement congolais pour la démocratie-National de Roger Lumbala.L'ICCN décrit un véritable système mafieux, où les braconniers "circulent librement au vu et au su de tous", reçoivent des armes de militaires, et où l'administration locale, quand elle n'est pas impliquée, redoute de dénoncer un trafic qui profite à de nombreux commerçants et intermédiaires."Les militaires sont les plus meurtriers pour les éléphants, car ils ont vendu 34,22% de l'ivoire" sorti de la RFO, suivis par les commerçants (28,32%), les policiers (16,18%), les chasseurs braconniers (10,38%) et d'autres intervenants (10,88%), estime cette étude.Le rapport note une augmentation de la quantité d'ivoire en provenance de la réserve à partir de septembre 2004, alors que son prix d'achat avait lui-aussi augmenté à Mambasa, en Ituri (nord-est de la RDC), passant de 10 à 15 dollars le kilo pour les grosses défenses entre juillet et septembre.Dans d'autres villes-relais, comme Bunia (Ituri) ou Beni (Nord-Kivu), la même tendance est observée, jusqu'à Kampala, en Ouganda, où l'ivoire s'achète entre 25 et 35 dollars le kilo, a constaté WCS.L'éléphant est protégé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d'extinction (Cites), qui interdit son commerce. Seuls l'Afrique de Sud, la Namibie, le Botswana et le Zimbabwe bénéficient depuis plus de deux ans de dérogations, à certaines conditions et dans un volume limité.bbos/sb/ach