Annonce Boycott trappiste à TibéhirineObstacles d'Alger pour le 10e anniversaire de la mort des moines.Le pèlerinage du 21 mai prévu à Tibéhirine, à l'occasion du 10e anniversaire de l'assassinat des sept moines français n'aura pas lieu. En effet, leurs familles et l'ordre trappiste dont ils étaient membres n'y participeront pas en raison des escortes militaires imposées par Alger pour toute visite au monastère.Restrictions. Alors que ce voyage visait à permettre aux proches des moines de se recueillir à l'endroit où ces derniers avaient vécu, Alger avait d'emblée fait savoir qu'«aucune célébration publique ne pouvait avoir lieu dans le contexte de réconciliation nationale». Les restrictions s'étaient ensuite suffisamment multipliées pour que l'ordre trappiste estime que ce pèlerinage n'avait plus de raison d'être. «Nous ne pourrons pas nous déplacer librement. Aux yeux du peuple, ces escortes vont nous identifier au gouvernement et aux militaires, donnant un signe contraire à celui d'amitié, de confiance et de paix que nous souhaitons vivre dans cette démarche», a expliqué samedi un communiqué d'Aiguebelle, l'abbaye mère de Tibéhirine en précisant : «[Y] monter sous escorte militaire ne relève plus du pèlerinage envisagé où [...], en allant à la rencontre de ceux et celles que nos frères ont connus et aimés dans ce peuple d'Algérie, nous aurions pu découvrir ensemble comment renouveler l'espérance d'une présence.»Les trappistes sont-ils enclins à durcir leur position, parce qu'il n'est plus possible de faire la lumière sur l'assassinat des moines au terme de la nouvelle loi sur la réconciliation nationale, qui interdit «toute référence» à la guerre civile ? «Le durcissement du dispositif sécuritaire, avec les amendes et peines prévues par la nouvelle loi, nous ramène à une situation encore plus pénible que celle qui nous avait contraints en 2001, après cinq ans de présence, à mettre fin à notre tentative de rétablir une communauté trappiste à Tibéhirine», poursuit le communiqué.Zones d'ombre. Au moment où Mgr Teissier, l'archevêque d'Alger, assure que «les chrétiens étrangers n'ont pas de difficulté dans leur pratique religieuse», l'ordre trappiste constate, lui, que les mesures de la charte pour la réconciliation et celles régissant les rites religieux non-musulmans «imposent de réelles contraintes». Ces obstacles mis par Alger à toute visite à Tibéhirine ne sont en tout cas pas faits pour dissiper les zones d'ombre d'une affaire dans laquelle le rôle des services secrets algériens reste très trouble.
