Crise Bosnie : les ministres serbes provoquent une crise politique Slobodan Kovac est le troisième ministre à quitter son poste, après les départs du premier ministre de la Republika Srpska et du ministre des affaires étrangères du gouvernement central. Son geste aggrave la crise politique survenue au lendemain de l'adoption de sanctions internationales contre les Serbes de Bosnie pour manque de coopération avec le TPI. Le ministre de la justice au sein du gouvernement central de Bosnie, le Serbe bosniaque Slobodan Kovac, a annoncé sa démission lundi 20 décembre : "Je vais présenter ma démission dans la journée" de lundi, a-t-il déclaré à l'AFP par téléphone. Le geste de M. Kovac intervient après que le premier ministre de la Republika Srpska (RS), Dragan Mikerevic, et que le ministre des affaires étrangères du gouvernement central, Mladen Ivanic, viennent de présenter leur démission. M. Ivanic a indiqué que le ministre des transports et des télécommunications au sein du gouvernement central, Branko Dokic, allait également faire de même. Si le départ de ce dernier est confirmé, il ne resterait, dans le gouvernement central, qu'un seul ministre serbe bosniaque, celui de la défense, Nikola Radovanovic, qui n'appartient à aucune formation politique. Les démissions en série de responsables serbes sont intervenues après l'adoption, jeudi 16 décembre par le haut représentant de la communauté internationale, Paddy Ashdown, de nouvelles sanctions contre la RS (Republika Srpska) accusée de protéger les inculpés en fuite du Tribunal pénal international (TPI). M. Ashdown, a notamment limogé neuf commissaires de police et responsables de l'administration locale serbe bosniaque et annoncé la poursuite des réformes engagées dans le domaine de la défense et de la police jusqu'à l'abolition, en 2005, des ministères des deux entités. Le gouvernement central de Sarajevo est formé de ministres appartenant aux trois communautés de Bosnie : serbe, musulmane et croate. La Bosnie d'après-guerre (1992-1995) est formée de deux entités, la RS et la Fédération croato-musulmane, unies par de faibles institutions centrales. Selon la Constitution, le gouvernement doit obligatoirement être formé de représentants des trois communautés. Lundi, tous les partis serbes bosniaques représentés au Parlement de la RS ainsi que les représentants des Serbes de Bosnie au sein des institutions centrales étaient réunis sous la direction du président de la RS, Dragan Cavic, pour analyser la situation. La veille, M. Cavic, avait menacé d'organiser un référendum sur l'indépendance de la RS si la communauté internationale portait atteinte à l'existence de l'entité serbe de Bosnie. "Tout changement abusif [de l'actuel ordre] va provoquer une crise et une possible rupture de la Bosnie", a-t-il déclaré dans un communiqué. Cette mise en garde intervenait après des propos attribués par la presse locale à M. Ashdown qui, interrogé sur une éventuelle abolition de la RS pour son manque de coopération avec le TPI, avait répondu que "rien n'était à exclure". Avec AFP La Bosnie doit coopérer avec le TPI "Une pleine coopération avec le TPI représente une condition nécessaire pour entamer des négociations sur l'accord de stabilisation et d'association" avec l'Union européenne, a déclaré lundi à la presse le commissaire européen à l'élargissement, Olli Rehn. L'Union européenne s'était dite prête à entamer en 2004 des négociations avec la Bosnie pour la signature de l'accord de stabilisation, mais en raison du manque de progrès dans la coopération avec le TPI, Bruxelles les a repoussées sine die. Pour les mêmes raisons, l'OTAN a récemment refusé pour la deuxième fois d'inviter la Bosnie à adhérer au Partenariat pour la paix, antichambre de l'intégration dans l'Alliance atlantique. (-AFP)