Crise Bombardement meurtrier dans le nord du Darfour Une centaine de personnes ont été tuées, mercredi 26 janvier au soir, lors d'un bombardement aérien au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre civile, a indiqué jeudi l'Union africaine, sans préciser qui étaient les auteurs de cette attaque.Ce bombardement, qui a eu lieu "hier (mercredi) soir", a visé un village et fait une "centaine de morts", a déclaré un porte-parole de l'Union africaine (UA), Adam Thiam, à Addis-Abeba, siège de l'Union. "C'est l'attaque la plus grave perpétrée ces derniers mois", a-t-il affirmé. "Nous allons situer les responsabilités. Mais jusqu'à présent les attaques aériennes sont venues du gouvernement", a-t-il remarqué.L'attaque a eu lieu "non loin d'El-Fasher, dans le nord du Darfour", a précisé une autre source à l'UA, sous le couvert de l'anonymat. "C'est plus qu'une violation très grave du cessez-le-feu [signé en avril 2004], car ne n'est pas un acte isolé", a estimé M. Thiam."Depuis le 16 janvier, il y a eu une attaque des janjawids (milices arabes) très grave, suivie d'une attaque très grave imputée au SLM (Mouvement de libération du Soudan, rébellion), et maintenant l'attaque d'un village qui fait une centaine de morts", a-t-il ajouté."Cela nous fait craindre que le conflit au Darfour [puisse] reprendre", a-t-il estimé, précisant que l'UA avait envoyé une "mission d'investigation pour évaluer les dégâts" sur place."L'attaque a été rapportée par un observateur de l'UA", a encore dit M. Thiam. L'organisation panafricaine dispose en effet d'une force de paix de 1 700 hommes sur le terrain, qui doit à terme compter quelque 3 320 personnes.DEUX ANS DE GUERRE CIVILE Le Darfour est le théâtre depuis deux ans d'une guerre civile qui a fait quelque 70 000 morts et environ 1,6 million de déplacés et réfugiés. Les combats opposent deux principaux mouvements rebelles - le SLM et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) - aux troupes gouvernementales appuyées par les janjawids, responsables d'exactions contre les cultivateurs sédentaires d'origine africaine. Les rebelles demandent un partage du pouvoir et des richesses dans leur région.Les deux parties en conflit avaient signé un accord de cessez-le-feu en avril 2004 qui est, depuis, régulièrement violé. "Si l'on considère la promesse faite par le gouvernement soudanais d'arrêter le survol du territoire, vu le nombre de morts et ce, à deux jours du sommet [de l'UA à Abuja], cette attaque va influencer très fortement le sommet", a estimé M. Thiam.Dimanche dernier, une autre attaque sanglante avait eu lieu. Huit villages du Darfour avaient été pillés et incendiés par des rebelles qui ont tué plusieurs dizaines de civils, selon un représentant des forces armées. "Un groupe de rebelles du Darfour a attaqué dans la région d'Al-Malam, à la frontière entre les Etats du sud et du nord du Darfour", a-t-il expliqué sans être en mesure d'identifier le mouvement responsable de cette attaque. "Ils ont brûlé huit villages et tué beaucoup de monde", a-t-il ajouté sous le sceau de l'anonymat. Les deux principaux mouvements rebelles de la région, qui ont réitéré leur engagement en faveur du cessez-le-feu conclu, ont démenti toute implication et entrepris de vérifier les faits. Trois groupes rebelles ont été reconnus au Darfour, mais d'autres sont actifs dans cette région désertique aussi vaste que la France, ce qui ne facilite pas l'identification des auteurs d'exactions.
