Annonce Bolivie : le Congrès refuse à l'unanimité la démission de Mesa Le Congrès bolivien a refusé, mardi 8 mars, à l'unanimité la démission que le président de la République, Carlos Mesa, lui avait présentée la veille. La démission du président a été rejetée en moins de cinq minutes, mardi 8 mars, sans débat, par un vote à main levée des 130 députés et 27 sénateurs qui forment le Congrès bolivien. Le chef de l'Etat bolivien, qui a été invité à prendre la parole devant les parlementaires, a été attendu tout l'après-midi de mardi sur la place Murillo, devant le Congrès, par une foule de plus de deux mille sympathisants qui l'a accueilli par une ovation. Carlos Mesa a qualifié le vote du Congrès de décision "importante" pour résoudre de manière "sensée et rationnelle" la crise institutionnelle provoquée par sa démission. La première tâche, a-t-il ajouté, sera l'approbation d'une loi sur les hydrocarbures, qui "respecte rigoureusement" le référendum sur le gaz organisée en juillet dernier. Le Congrès n'a cependant pas réussi à s'accorder sur un "pacte social" demandé par le président, qui a reçu le soutien de la majorité de ses homologues de la région et des Etats-Unis, pour rester à la présidence du pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, a-t-on appris de source parlementaire. Les négociations ont duré toute la journée de mardi à La Paz dans les locaux de la banque centrale, à quelques pas du palais présidentiel, mais le Mouvement vers le socialisme (MAS, gauche indigène) a refusé de signer un projet d'accord national. Le président Mesa avait présenté, lundi, sa démission en pleine crise sociale, estimant que son pays était devenu "ingouvernable", alors que des centaines de manifestants avaient coupé les routes d'accès à la capitale, La Paz. PROJET DE LOI SUR LES HYDROCARBURES CONTROVERSÉ Des syndicats ruraux et le MAS d'Evo Morales, également leader des planteurs de coca, faisaient pression sur la Chambre des députés pour qu'elle accepte un projet de loi des hydrocarbures très controversé. Ce projet de loi, prévoyant une forte hausse des impôts que payent les compagnies pétrolières étrangères, avait été refusé in extremis, vendredi 4 mars, en premier lecture par les députés. Vingt-six compagnies étrangères opèrent en Bolivie (9 millions d'habitants), un pays andin qui recèle des réserves importantes de gaz. M. Mesa, un ancien journaliste et historien de 51 ans, est au pouvoir depuis dix-sept mois, mais ne bénéficie pas du soutien d'un parti et doit en permanence trouver des appuis politiques. L'accord entre le pouvoir exécutif et législatif qui a permis son maintien au pouvoir porte sur le travail du gouvernement dans les prochains mois et concerne le projet de loi sur les hydrocarbures, l'élection de préfets (gouverneurs) régionaux, le référendum sur l'autonomie et la convocation d'une Assemblée constituante à la fin de l'année. Pour sa part, le dirigeant indigène des cultivateurs de coca et chef du MAS, l'influent Evo Morales, est parti de la salle au moment où le chef de l'Etat commençait son discours au Congrès. M. Morales souhaitait que M. Mesa reste à la présidence, même s'il estimait que sa démission tenait du "chantage".