Victoire Bode Miller remporte le géant de Val d'Isère L'Américain s'est imposé devant Lasse Kjus et Hermann Maier. Bode Miller a gravi, dimanche 12 décembre, la plus haute marche d'un podium de géants à Val d'Isère. Il s'est adjugé sa cinquième victoire de la saison en Coupe du monde de ski alpin. A ses côtés, deux grands skieurs des dernières années on pris place. Sur le podium protocolaire se trouvaient en effet Lasse Kjus, deuxième, et Hermann Maier, troisième : six coupes du monde remportées à eux deux. A eux seuls, les trois hommes ont remporté dans leur carrière 30 médailles aux Jeux olympiques et au championnaut du monde et 64 victoires en Coupe du monde. C'est donc un trio de tête de facture fort classique qui s'est imposé dans la station savoyarde. "Genéralement, je me préoccupe peu des skieurs que je bats. Mais quand on se trouve sur un podium à côté de ces gars-là, on remet les choses en perspective", explique l'Américain, déjà vainqueur du premier géant de la saison à Sölden. "Cela permet de mesurer le chemin parcouru par eux et celui qui me reste à parcourir. Ce sont deux skieurs qui ont transformé ce sport d'une manière désormais historique", ajoute-t-il, dans une forme d'hommage qui ressemble aussi à une passation de pouvoir. Miller, qui a également triomphé cette saison dans deux descentes et un super-G, a un peu changé son approche dans ce géant de Val d'Isère. "Val d'Isère, c'est un endroit que j'apprécie beaucoup. C'est le lieu de ma première victoire en Coupe du monde, il y a trois ans, déjà en slalom géant. C'est une piste qui requiert de l'expérience, car vous n'avez plus de lumière dans la seconde manche. J'aurais pu essayer de creuser l'écart sur le premier parcours, qui me convenait bien. Mais j'ai préféré assurer. Sur le second tracé, j'ai skié de façon plus instinctive, j'y ai été au culot. J'aurais d'ailleurs pu sortir." S'IMPOSER DANS CHAQUE DISCIPLINE Echaudé par ses sorties lors de ses deux dernières courses sur ses neiges américaines, Miller, le leader incontesté de la Coupe du monde (630 points et 221 d'avance sur Maier), a choisi la prudence dans la première manche avant de tout donner dans la deuxième. Cette relative retenue du matin a permis à Maier de faire illusion en signant le meilleur temps devant deux de ses compatriotes, balayés le soir dans la lumière déclinante. L'Autrichien, quadruple vainqueur de la Coupe du monde, a dû se contenter d'une troisième place et d'un deuxième podium dans une discipline où il ne s'attendait pas à briller. "Mon but est d'effectuer les réglages nécessaires pour arriver au sommet de ma forme pour les championnats du monde de Bormio", annonce "Herminator", qui concède, comme un aveu d'impuissance, que la Coupe du monde ne l'intéresse plus guère. Kjus, même s'il se dit "vieux et lourd", a admis pour sa part, à bientôt 34 ans, qu'il a de beaux restes pour se classer second. "Ca faisait longtemps que je n'avais pas réussi deux podiums de suite en slalom géant. Mes skis sont très bons. En tout cas, j'ai bien fait de rentrer en Norvège pour me reposer et faire l'impasse sur la descente. Ca m'a permis de me recaler. Demain soir, je vais participer au slalom de Sestrières, avec pour seule ambition de me qualifier pour la seconde manche. Avec mes faiblesses dans les disciplines de vitesse, je ne peux avoir de prétentions au classement général. Mon but, c'est de retrouver des sensations en descente et en Super-G dans l'optique des Mondiaux de Bormio". L'Américain Miller briguera lui aussi, lundi sous les néons de Sestrières, une quadruple couronne inédite depuis 1989 : cette année-là, le Luxembourgeois Marc Girardelli était devenu le premier - et le dernier - skieur à s'imposer dans chacune des quatre disciplines du ski alpin la même saison. Mais la classique nocturne italienne n'a que rarement souri à Miller, septième l'an dernier. "Ce sera un peu la loterie. Ce serait sympa de réussir à gagner dans les quatre disciplines la même saison, mais dans mon esprit, je l'ai déjà réalisé. Ce serait déjà bien que je gagne un slalom tout court parce que je n'en ai gagné qu'un l'an dernier", a-t-il expliqué.