Condamnation Bob Denard est condamné à cinq ans de prison avec sursis Reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Paris d'avoir fomenté, en 1995, un coup d'Etat aux Comores, l'ex-mercenaire Bob Denard ne retournera cependant pas en prison. Refusant de suivre les réquisitions du parquet, qui avait réclamé une peine ferme, les juges ont condamné, mardi 20 juin, l'ancien "colonel Bob" à cinq années de prison avec sursis. Ses 25 compagnons d'armes, eux aussi poursuivis pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime", bénéficient également du sursis, voire d'une dispense de peine. Agé de 77 ans et souffrant de la maladie d'Alzheimer, Robert Denard n'avait pas assisté aux audiences. Le rôle des services secrets français dans cette opération, qui avait abouti à déposer par la force le président comorien Saïd Mohamed Djohar, a été reconnu par le tribunal, mais pas au point d'exonérer les prévenus, comme l'avaient plaidé leurs avocats, faute de la preuve d'un ordre explicite. "La simple conviction que l'opération était implicitement couverte", ont estimé les juges, n'est "pas suffisante" pour les disculper. Pour autant, la décision n'épargne pas les autorités françaises. "Il est impossible et impensable, constate-t-elle, qu'une opération qui a perduré pendant 131 jours (...) ait pu être méconnue des services secrets et de la cellule africaine de l'Elysée." Et de souligner : "Il est tout aussi manifeste qu'au moins (les services secrets français) n'avaient rien fait pour entraver (le coup d'Etat) et qu'ils l'avaient donc laissé arriver à son terme. En conséquence, c'est que les responsables politiques l'avaient nécessairement voulu aussi." Pour justifier le refus d'une peine ferme de prison, le tribunal a tenu compte de "l'ancienneté" des faits, de l'absence de "violence caractérisée", mais aussi du "fait que les autorités françaises les avaient entérinés". Avocat de Bob Denard, Me Elie Hatem estime qu'en reconnaissant la culpabilité de l'ancien mercenaire, le tribunal a "voulu faire payer les lampistes". Il souligne "la difficulté de mise en cause de l'Etat et des politiques, qui se sont tous dérobés". De son côté, Me Saïd Larifou, avocat de l'ancien président Saïd Mohamed Djohar, mort en février, se félicite de voir la culpabilité de Bob Denard "établie pour la première fois". Il interprète cependant ce jugement comme une "prime au mercenariat, un encouragement à commettre des coups d'Etat".