Mort de Bismillah Khan

Mort Bismillah Khan, musicien indien Le musicien indien Bismillah Khan est mort, lundi 21 août, des suites d'une crise cardiaque, à Bénarès. Il était âgé de 90 ans. Né le 21 mars 1916 dans un petit village du Bihar, Etat situé à l'est de l'Inde, connu pour abriter Bodhgaya, centre de pèlerinage bouddhiste, Bismillah Khan était de religion musulmane. Le joueur de shanaï est mort dans la ville sainte de l'hindouisme et l'une des cités principales l'Uttar Pradesh. Dans cet Etat situé au nord-est de l'Inde (capitale, Lakhnau), les autorités ont décrété une journée de deuil national après l'annonce de sa mort. Musicien très respecté, "il était très simple, la personne la plus humble que j'aie rencontrée dans ma vie", déclare notamment le flûtiste Hari Prasad Chaurasia, l'un des immenses musiciens, internationalement connus, de la musique savante indienne. A Bénarès (ancien nom de l'actuelle Varanasi), sur les rives du Gange, où Bismillah Khan vivait depuis son enfance, la sonorité puissante du shanaï résonne partout, dans tous les temples, tous les mariages. Originaire d'une famille de musiciens de cour, Bismillah Khan est initié à cet instrument à anches doubles par son oncle Ali Bux "Vilayatu", qui était joueur de shanaï au temple de Vishwanati (dédié à Shiva). Au fil des années, il devient un maître et virtuose de ce hautbois difficile, voire rebelle, dont il faut savoir humecter et triturer l'anche avec patience pour la plier à son souffle, en faire sortir les sonorités idéales. TROUVER LA NOTE JUSTE Invité à jouer du shanaï dans la citadelle du Red Fort de New Delhi lors des premières célébrations du jour de l'indépendance de l'Inde, en 1950, il recevra par la suite de nombreux prix et hommages tout au long de sa carrière, notamment, en 1991, le Bharat Ratna, la plus haute distinction honorifique civile en Inde. "Musulman de Bénarès, ville sainte hindoue, il élève le shanaï au niveau des instruments classiques du Nord. Sa sonorité magnifique et son sens de l'improvisation ont fait de lui le musicien le plus populaire de l'Inde, une légende vivante", déclare à son propos Christian Ledoux, programmateur au Théâtre de la Ville, à Paris, où Bismillah Khan, que le public parisien avait pu découvrir en 1965 au Musée Guimet, puis plus tard au Théâtre du Rond-Point, se produit en 1989. "Il a laissé des enregistrements fabuleux, notamment en duo avec Vilayat Khan, l'éminent sitariste, mort en 2004, ou avec le violoniste V.G. Jog. Il s'est très peu déplacé à l'étranger", ajoute Christian Ledoux. Bismillah Khan craignait par-dessus tout de prendre l'avion, et on raconte qu'il n'a accepté de se rendre au Festival d'Edimbourg, dans les années 1960, qu'après un détour par La Mecque, pour y demander la protection divine. Homme extrêmement pieux, Bismillah Khan confiait au réalisateur Yves Billon qui l'interviewait pour les besoins de son film consacré à Bénarès (Banaras, Music From The Ganges/1 DVD Universal Jazz), être en perpétuelle recherche quand il jouait un raga "pour trouver la note juste, celle qui conduit à Dieu".